Le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, est pris sous les tirs croisés de la guerre qui fait rage entre les «frères» du PJD. En effet, rapporte le quotidien Assabah dans son édition du lundi 6 novembre, à l'heure où il se démène pour reconstituer son équipe gouvernementale, le chef du gouvernement subit des pressions de plus en plus fortes de la part de la direction et des cadres de son parti. De même, les ministres PJD continuent d'essuyer les critiques des «frères», dont certains les ont accusés de «rester dans leurs bureaux climatisés, loin des préoccupations des citoyens».
Ainsi, affirme le journal, Nabil Andaloussi, député PJD d’Al Hoceima, n’a pas hésité à s’en prendre au chef du gouvernement et au ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, qu’il accuse de «ne guère se soucier de la situation actuelle dans le Rif», leur imputant la responsabilité du «climat de tension qui sévit dans la région» et leur reprochant de favoriser, par leur passivité, «le retour du spectre des années de plomb».
Cependant, affirment des sources citées par le journal, le chef du gouvernement ne s’est pas laissé faire. Bien au contraire, il multiplie les initiatives pour contenir cette guerre fratricide qui touche directement des membres de son gouvernement. En effet, poursuit Assabah, s’il lui est parfois arrivé de plier l’échine, comme lorsqu'il a cédé aux exigences de certains caciques du parti qui voulaient maintenir le PPS dans le gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani semble bien décidé, aujourd'hui, à mettre fin à cette guerre intestine.
Le journal évoque également, toujours dans le cadre de ces conflits autour du prolongement du mandat du secrétaire général, une nouvelle réaction de Mustapha Ramid concernant la dernière sortie de Benkirane à propos de la campagne électorale de 2011. Ramid s’est adressé directement au secrétaire général, lui demandant s'il aurait tenu les mêmes propos si le ministre d’Etat s’était déclaré en faveur d’un troisième mandat.
D'ailleurs, souligne le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du même jour, de plus en plus de dirigeants du parti somment aujourd'hui Abdelilah Benkirane de clarifier sa position. D'aucuns lui demandent tout bonnement de partir, ajoute le quotidien. Ainsi, Mohamed Jabroune, académicien et membre du Conseil national du PJD, a demandé à Benkirane de «déclarer publiquement renoncer au secrétariat général. Ce serait une position historique qui permettra, par la même occasion, de faire baisser la tension sous laquelle croule actuellement le parti».
L’historien, également membre du MUR, a affirmé que le PJD avait «besoin d’un nouveau secrétaire général assisté d’une nouvelle direction». Il a également critiqué les sorties médiatiques, les déclarations et les actions de Benkirane, qu’il considère comme «sans valeur». Plus encore, il affirme que les erreurs que le secrétaire général du parti a commises ont affecté le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani, qui n’a pu bénéficier d’aucun parapluie politique.