Le secrétaire général du PJD, Saâd-Eddine El Othmani, a refusé de réceptionner le «mémorandum» que les partisans de Benkirane avaient essayé de déposer au siège du parti. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 18 septembre, que cette note anonyme a été diffusée à grande échelle. Les rédacteurs de ce pamphlet intitulé «Initiative de la critique et de l’évaluation» dressent un diagnostic alarmant de l’état de santé du PJD et s’érigent en sauveurs du parti et du pays. En réalité, cette note encense le bilan de Benkirane en tant qu’ex-chef du parti et du gouvernement et impute tous les échecs à Sâad-Eddine El Othmani.
Pour des militants souhaitant participer au sauvetage d’un parti «à la dérive», ils ne pouvaient pas mieux faire pour le faire chavirer en incitant à la division plutôt que de prôner le rassemblement. Les critiques acerbes de ces réfractaires, dont personne ne connaît le nombre, s’en prennent à tous les organes du parti, du Conseil national à la Chabiba en passant par le Secrétariat général. Le Conseil national est accusé d’avoir hiberné et de ne pas avoir assumé ses responsabilités dans les moments difficiles que traversent le parti et le pays. La Chabiba, se plaignent-ils, n’est plus cet espace libre et ouvert au dialogue et à toutes les opinions car ses positions sont devenues tributaires de sa direction actuelle.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que cette note a été scindée en deux parties. Dans l’une, on dresse le bilan positif du «leader déchu» et dans l’autre, les «résultats déficitaires » de Sâad-Eddine El Othmani. La gestion du gouvernement par Benkirane est décrite en rose: « La première partie a été caractérisée par un dynamisme politique inédit où le parti et sa direction ont joué un rôle prépondérant dans l’animation de la scène politique. Le PJD était considéré comme un opposant de l’intérieur de la majorité en résistant à toutes sortes de pressions et d’instructions venant d’en haut». La note souligne que grâce à l’ex-secrétaire général, le parti a choisi l’offensive face aux critiques émanant de l’intérieur et de l'extérieur du Parlement.
Du coup, les adeptes de Benkirane énumèrent «ses» réalisations en citant notamment la caisse de compensation, la retraite, la couverture médicale et l’aide aux veuves. En revanche, Sâad-Eddine El Othamni est fustigé de tous les maux qui affectent la gestion aussi bien du parti que du gouvernement. Les militants récalcitrants lui reprochent notamment d’avoir supprimé tous les enregistrements de Benkirane du site web du parti et d’avoir révoqué des journalistes à cause de leurs opinions.
Sur le plan de la gestion gouvernementale, la note critique les poursuites judiciaires contre certains journalistes en se concentrant notamment sur ceux qui étaient proches de l’environnement de Benkirane. Quant à la direction du parti, elle est accusée de se soumettre aux instructions venant d’en haut et de rester passive face aux décisions du ministère de l’Intérieur qui vont à l’encontre des intérêts du parti.