La commission de la justice a été, mardi, le théâtre d’un vif échange entre la députée PJDiste Amina Maelainine et le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, Mustapha Ramid, membre du même parti. Selon le quotidien Al Massae, qui rapporte l’information dans son édition du 16 novembre, le ministre aurait même «contraint» la députée de son parti à quitter la réunion, l'accusant de «dire n’importe quoi».
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, qui s'intéresse également à cet incident dans son édition du même jour, affirme que l'échange entre les deux responsables a, certes, été virulent, sans pour autant que Mustapha Ramid soit allé jusqu'à demander à Maelainine de quitter les lieux. Celle-ci, précise le journal, s’est retirée de son propre gré après son intervention et tandis que la commission passait à un autre sujet.
Pour les deux quotidiens, il est évident que les tensions qui règnent, actuellement, au sein du parti, ne sont pas étrangères au comportement qu'ont eu la députée et le ministre au moment de l’examen, en commission, du budget sectoriel du département chargé des droits de l’Homme. La députée, partisane de Benkirane et du troisième mandat, a d’ailleurs été très critique vis-à-vis du ministre, auquel elle a reproché de s'exprimer su Facebook au lieu d'agir sur le terrain. Elle a également dépeint un sombre tableau de la situation des droits de l’Homme qui, estime-t-elle, a connu une régression. Elle a ainsi évoqué, à ce propos, les «débordements» des responsables sécuritaires, notamment lors des manifestations d’Al Hoceima, ou encore à Zagora et dans d’autres localités.La parlementaire a, par ailleurs, évoqué la situation dans les prisons et d'éventuelles agressions des forces de l’ordre contre des militants des droits de l’Homme.
Mais, selon le quotidien Assabah, c’est lorsque Amina Maelainine a abordé le cas des étudiants d’El Jadida, impliqués dans une affaire de séquestration d’un agent de police, que le ministre est vraiment sorti de ses gonds.
En effet, la députée a insinué que les quatre étudiants concernés avaient été détenus pendant 24 avant de pouvoir avertir leurs familles. Le ministre, jusque-là impassible, a réagi avec virulence à cette déclaration, en faisant comprendre à son interlocutrice qu’elle n’avait pas le droit d’évoquer devant lui une affaire en cours devant la justice. Ce à quoi elle a répondu que son statut de parlementaire lui permettait de soulever n'importe quel sujet, chaque fois elle l’estimait nécessaire. C’est à ce moment que Ramid lui a reproché de «dire n’importe quoi».
Cet échange a créé une vive tension dans la salle. Certains élus sont même intervenus pour tenter de calmer les esprits, mais la députée a fini par se retirer. «Il est du droit du parlementaire de critiquer, mais la situation devient très dangereuse quand un député de la majorité joue à l’opposition», a alors déclaré, excédé, Mustapha Ramid.