Le PJD risque de connaître une scission en raison de la marginalisation de nombreux cadres et militants proches de Saâd-Eddine El Othmani par le secrétaire général du parti, Abdelilah Benkirane. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du jeudi 16 mars, que parmi les dirigeants indésirables se trouve l’ex-ministre de l’Équipement et du transport, Aziz Rabbah. Selon certaines sources, Rabbah et des centaines de militants attendaient un geste de Benkirane pour ouvrir la voie à une réconciliation qui leur permettrait de rentrer au bercail. Un retour qui ouvre la voie à une autocritique collective afin de surmonter la défaite cuisante que le parti a subie lors du scrutin du 8 septembre.
Les dirigeants en disgrâce espéraient que la nouvelle direction du parti se comporte avec eux conformément aux règles internes qui régissent le parti. Mais le chef des islamistes, Abdelilah Benkirane, leur a opposé un niet catégorique. Ainsi, ces cadres et militants ont été mis hors-jeu et ne sont plus invités aux meetings organisés par le parti, tant au niveau central que régional. Les ex-ministres et anciens membres du secrétariat général, avec à leur tête l’ex-patron du parti Saâd-Eddine El Othmani, ont été sidérés quand Benkirane a annoncé qu’ils n’avaient plus leur place au sein du PJD.
Le quotidien Assabah rapporte que l’ex-ministre et dirigeant Lahcen Daoudi n’a pas été invité, la semaine dernière, au congrès régional qui s’est tenu dans son fief (Béni Mellal-Khénifra), bien qu’il ait été l’architecte de l’action du parti dans cette région. Les mêmes sources soulignent que Rabbah ne restera pas les mains liées après avoir été éloigné du PJD où il a longtemps milité tout en déclarant qu’il ne rejoindrait aucune autre formation politique. Il a aussi refusé de partir comme l’avait fait Mustapha Ramid qui a été, lui aussi, boycotté par Benkirane qui ne l’appelle plus pour se concerter avec lui comme il le faisait par le passé.
Ayant compris qu’il était devenu indésirable, Rabbah a entamé des concertations avec d’autres cadres et militants pour créer un nouveau parti. Mais des dirigeants du MUR, l’aile idéologique du PJD, l’en ont dissuadé et lui ont suggéré de créer une organisation de la société civile ou un mouvement de réflexion pour soutenir les orientations du parti islamiste. Finalement, Rabbah a décidé de lancer, d’abord, un organe de la société civile qui se transformera en parti politique et participera aux élections de 2026, si Benkirane continue dans son obstination aveugle.