Connaissez-vous le principe des fameuses «poupées russes» (matriochkas)? Chaque élément renferme une autre poupée et ainsi de suite jusqu’à la dernière. Il en va ainsi du jeu auquel se livre Alger dans sa nouvelle campagne contre le Maroc et sa souveraineté sur le Sahara plus précisément. A peine la tension entre Rabat et Stockholm s’est-elle «apaisée» qu’une autre, savamment orchestrée dans les locaux capitonnés du DRS, semble surgir, cette fois avec Washington.
Qu’en est-il alors de ce nouvel épisode de cette stratégie concoctée par les maîtres d’Alger dans la tentative de «brouiller» diplomatiquement le Maroc avec les puissants du monde, ceux-là mêmes qui soutiennent le royaume dans le processus de réformes et ne font aucun mystère de leur appui au plan marocain consistant à octroyer un statut d’autonomie à ses provinces sahariennes ?
Pas plus tard que jeudi 8 octobre dernier, l’ancien ambassadeur d’Alger à Washington, Rhéda Malek, invité à intervenir sur le Déclenchement de l’insurrection algérienne, le 1er novembre 1954, fait cette «révélation» le moins que l'on puisse dire étonnante. «Les Etats-Unis d’Amérique avaient promis, en 1981, par la voix de leur président de l’époque, Jimmy Carter, de soutenir une solution en vue de l’autodétermination du peuple du Sahara occidental», a-t-il klaxonné, relayé par l'agence de presse algérienne (APS).
Pire encore, l’ancien président démocrate US aurait proposé un «deal» à son excellence monsieur l’ambassadeur algérien : «Jimmy Carter avait sollicité l’aide de l’Algérie pour la libération des otages américains détenus par l’Iran en contrepartie du soutien de son pays pour une solution permettant l’autodétermination du peuple sahraoui».
Songes et mensonges
Paraît-il, de cela, il faut penser quelque chose. Or, circulez, il n’y a rien à voir. Le «deal», dont fait état l’ancien ambassadeur algérien, n’en est pas un. Et ce n’est surtout pas ce fait retentissant qui dira le contraire. A toutes fins utiles, il faut d'abord noter que monsieur Rhéda Malek occupait ce poste sous le mandat de l’ancien président algérien Chadli Benjedid (1979-1992). Celui-là même qui, selon un document de la Central intelligence agency (CIA), déclassifié en 2008, avait proposé au roi Hassan II l’octroi d’un statut d’autonomie au Sahara sous souveraineté marocaine». «Chadli Benjedid, frustré par l’incapacité du Polisario à enregistrer une victoire militaire, avait lui-même proposé au roi Hassan II cette solution de compromis, douze ans après la reconnaissance de la «RASD» par Alger".
Contre-vérités algériennes
On voit ainsi mal comment Jimmy Carter, 39ème président des Etats-Unis (1977-1981), pouvait proposer «l’indépendance du Sahara» si son homologue algérien, Chadli Benjedid, était lui-même convaincu de l’impossibilité de cette thèse, au point d’avoir proposé en 1986 à Hassan II, dans une lettre dévoilée par la CIA, une «autonomie au Sahara sous souveraineté marocaine»!
Mais passons, car là n'est pas la question. Pourquoi cette «révélation», vraie ou supposée, aujourd’hui ? La sortie de Rhéda Malek, ancien premier ministre algérien (91-94), connu pour avoir planifié le renversement du Front islamique du salut (FIS), élu démocratiquement en 1991, a tout sauf les allures d’une coïncidence. Est-ce un hasard si son allégation sur Jimmy Carter fait aujourd’hui les gros titres d’une certaine presse algérienne «embedded» (embarquée), avec à sa tête l’Agence officielle (APS) ?
Et comme il s’agit ici de jeu de «poupées russes» ou, pour utiliser la métaphore de l’oignon (lorsqu’on épluche la couche extérieure de l’oignon, on trouve un oignon semblable à l’intérieur), la sortie de l’ancien diplomate Rhéda Malek a coïncidé avec celle de l’actuel ministre algérien des Affaires étrangères. Ramtane Lamamra, puisque c’est de lui qu’il s’agit, semble s’être passé le mot avec Rhéda Malek pour distiller du «venin» à l’endroit du Maroc. «L’Algérie des damnés de la terre qui s’est rebellée, hier, légitimement contre le colonialisme, montre aujourd’hui tout le sens qu’elle donne au règlement des conflits par des moyens pacifiques, au point de devenir un pays exportateur de paix, de sécurité et de stabilité» ( !), a-t-il déclaré, lors de la célébration de la Journée de la diplomatie algérienne, coïncidant avec le 70ème anniversaire de la fondation de l’ONU.
Qui a dit que le ridicule ne tue point?
Vue cet angle, cette déclaration appelle au moins une remarque : comment un pays qui n’arrive même à sécuriser ses frontières poreuses, où les groupes terroristes de tous poils et de tous bords, dont Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), sans parler de «l’Etat islamique» qui a pigon sur rue en Kabylie (via Jund Al Khilafa de Abdelmalek Gouri), peut-il prétendre être «exportateur de paix, de sécurité et de stabilité» ?!
Concernant cette «Algérie des damnés de la terre», le diplomate algérien en chef veut-il parler des mercenaires du Polisario que son pays a armés et continue de le faire dans l’objectif (désespéré) de «déstabiliser» le royaume du Maroc ? Que dire des terroristes d’Ansar Eddine de Lyad Ag Ghali, produit pur jus du DRS, financé à coups de pétro-dinars? Que sait-on, de gazo-dinars algériens pour semer le trouble à Gao, au nord du Mali ? De «Monsieur Marlboro», l’Algérien Mokhtar Belmokhtar, qui prend aujourd’hui du «service» en Libye, après avoir infesté toute la région sahélo-saharienne, de Niamey à Bamako, en passant par le désert libyen, voire les monts Chaâmbi à la frontière algéro-tunisienne ?
Voyez, on pourrait bien allonger le "pedigree" de l'establishment algérien mais abrégeons! Jusqu'à quand Alger continuera-t-elle à jouer avec le feu marocain ? Entraver la construction maghrébine ? Hypothéquer l’avenir de cette région ?
Il est temps que la communauté internationale intervienne pour mettre fin à ce jeu de massacre.