Saâd-Eddine El Othmani a vu le jour dans une petite localité près d’Inezgane en 1956, dans une famille d'Oulémas. Des hommes à qui Mokhtar Soussi (théologien et résistant) a consacré des dizaines de pages dans son célèbre livre Al Maâssoul.
Comme ses aïeux, Saâd-Eddine El Othmani est un rat de bibliothèque qui passe beaucoup de temps à éplucher le patrimoine livresque de la famille. Et qui claque ce qu’il a économisé sur son argent de poche dans les librairies de Casablanca où il venait passer ses vacances.
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Très porté sur la théologie et les sciences, il rêvait de devenir médecin, et adolescent, il commettait des articles sur le cancer et le diabète dans une revue tunisienne. Une fois son bac en poche, il s'établit à Casablanca pour des études de médecine, avec, pour finalité, une spécialisation en psychiatrie.
Travailleur acharné, il combine ses études de médecine avec une inscription à Dar Al Hadith Al Hassania.
Il rejoint la Chabiba Islamiya en 1978, au moment où cette mouvance a initié un travail de réflexion pour tourner la page Abdelkrim Moutiî.
Jeune crack aux côtés des Benkirane, Yatim ou Ramid, il participe à poser les jalons de la nouvelle littérature de ce qui deviendra le PJD.
Très regardant côté mœurs, et pour ne pas tomber dans le «Haram», il se marie avant de quitter la faculté et épouse une étudiante en études islamiques.
Diplômé en médecine en 1986, il enchaîne avec un diplôme en psychiatrie du CHU de Casablanca en1994 et un DES en études islamiques à la Faculté des lettres de Rabat en 1999.
Homme incontournable, il a fait partie de la direction du Mouvement réforme et renouveau (1991 à1996) et du Mouvement unicité et réforme (MUR, entre 1996 et 2003).
Membre influent du MPDC (Mouvement populaire démocratique et constitutionnel de Abdelkrim Khatib), il va de soi qu’il est aux premiers rangs lors de la «transaction» qui avait permis, en 1996, aux frères de Benkirane et Ramid de faire main basse sur ce parti pour créer, deux ans plus tard, le PJD.
Quand Abdelkrim Khatib décide de céder le poste de SG du PJD en 2004, c’est El Othmani qui prend la direction d’un parti islamiste secoué par les retombées des attentats de Casablanca en 2003.
Mais il sait comment manier le gouvernail et laisser passer la tempête.
En 2008, il décide de ne pas rempiler, laissant sa chance à Abdelilah Benkirane. Mais tout en gardant un œil plus qu’attentif sur l’appareil. Car, la même année, il est élu à la présidence du Conseil national (parlement du parti), une instance de décision qui a toujours eu son mot à dire.
Après les élections du 25 novembre 2011 (il a été élu à Mohammédia), El Othmani fait son entrée au premier gouvernement Benkirane (3 janvier 2012) et pas pour n’importe quel portefeuille. Nommé chef de la diplomatie, il est remercié le 10 octobre 2013.
Derrière son sourire se cache un caractère intransigeant sur la discipline et qui peut s'arcbouter jusqu'à casser en cas de désaccord profond. C'est dire que le nouveau chef du gouvernement désigné est d'une rectitude qui peut parfois mener à l'impasse.
Le nouveau chef de gouvernement désigné est père de trois enfants.
Saura-t-il, lui qui est habitué aux divans, réussir là où Benkirane a échoué?