On en sait davantage sur Me Melchior Wathelet, premier avocat général de la Cour de justice de l'Union européenne. En une année et des poussières, de septembre 2016 à janvier 2018, il a rendu deux "avis", dont le plus récent date de mercredi 10 janvier, dans lesquels il a décrété que le "Sahara occidental ne fait pas partie du Maroc"! Bien sûr, ces deux "avis" n'engagent que la petite personne de leur auteur, qui semble confondre son statut de "procureur" avec celui, ancien, de politicien, avec tous les dégâts qu'il a causés du temps où il était ministre de la Justice belge (1992-1995).
Vous avez bien lu: "DEGÂTS" et ils sont légion! En voici un, que nous exhumons au risque de rouvrir une grande plaie dans l'opinion publique belge, voire internationale. Le 6 avril 1992, Melchior Wathelet, alors ministre de la Justice, décide de remettre en liberté le tristement célèbre pédophile, Marc Dutroux, bien que ce dernier n'ait accompli que la moitié de sa peine (sa date de libération définitive ne devait intervenir que le 13 mars 1998)!
L'offense faite par Wathelet aux familles des victimes du monstre Dutroux, alors impliqué dans la disparition de six adolescentes et le meurtre de quatre d’entre elles, était sans commune mesure.
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Mais passons, car ce n'est pas tout. Après cette libération, décidée par Wathelet, Dutroux kidnappera deux autres fillettes, Julie et Melissa, en juin 1995! Son excellence monsieur le ministre n'avait-il pas anticipé une telle nouvelle horreur signée du même Dutroux, pourtant réputé multirécidiviste et étrangement assoiffé de sang? Le 20 octobre 1996, soit un peu plus de deux mois après le retour en prison du bourreau des mineures, les Belges descendent en masse dans les rues de Bruxelles. Ce jour-là, 300 000 répondent à l’appel des parents des victimes du pédophile pour protester contre les défaillances de la justice et les silences des politiques.
Ce scandale judiciaire poursuivra Wathelet, même après son départ du ministère de la Justice en 1995. Le 6 novembre 1997, rapporte notre confrère Libé-Paris, "le Parlement européen a demandé à l'ancien ministre belge de la Justice Melchior Wathelet, mis en cause dans l'affaire du pédophile Marc Dutroux, de démissionner de son poste de juge à la Cour européenne de justice (CEJ)". "Dans une résolution adoptée par 246 voix contre 122 et 18 abstentions, les eurodéputés ont jugé Melchior Wathelet moralement et politiquement responsable des conséquences de la libération anticipée de Marc Dutroux en 1992", écrivait le quotidien français. Au printemps 1997, c'est au Parlement belge de donner la réplique en mettant sur pied une commission d'enquête qui a établi in fine que l'ex-ministre était bel et bien responsable du retentissant "fiasco judiciaire".
Seulement voilà, ce n'est pas de cet œil que l'a vu la CJUE qui a désigné Wathelet, avocat général, le 8 octobre 2012. Pis encore, il sera promu et désigné en 2015 Premier avocat de la CJUE, grâce à un autre Belge, Koen Lenaerts, alors nommé à la présidence de la même CJUE, pour un mandat jusqu'en 2018.
Wathelet et Microsoft, l'autre scandale !
En avril 2006, un procès oppose Microsoft et la Commission européenne. Le géant américain des logiciels est accusé d'"abus de position dominante" et tente de convaincre les services européens de la concurrence qu'il s'est bien plié aux exigences qu'elle lui a imposées pour rétablir la concurrence. Pour ce procès, l'équipe Microsoft devait s'appuyer sur "une cinquantaine de personnes, y compris le numéro trois du groupe, Brad Smith, des avocats et des experts informatiques", rapportait début avril 2006 le quotidien DH.Be.
Or voilà, parmi les avocats du géant américain, se trouvait bien un certain Melchior Wathelet. "Pas étonnant", dégaine encore DH.Be, "lorsque l'on sait que Microsoft a invité trois anciens juges de la Cour européenne de justice à venir préparer cet affrontement... Parmi eux (...) un certain Melchior Wathelet, ancien ministre de la Justice belge ayant siégé à la Cour européenne de justice (CEJ), entre septembre 1995 et octobre 2003. L'ancien ministre social-chrétien a notamment participé à un procès blanc organisé par Microsoft en janvier dernier, à New York".
"Melchior Wathelet ne nie pas avoir prêté son concours à Microsoft, mais préfère ne pas commenter son action, même s'il estime avoir parfaitement respecté les règles de la CEJ", relève la même source.
Un "respect" qui n'en est toutefois pas un, au regard des scandales qui émaillent le parcours de Wathelet. Son parti pris à l'encontre du Maroc vient garnir le pedigree de cet impénitent avocat des affaires douteuses.