Les ittihadis l’appellent «Lehbib» tout simplement. Ce lundi 16 janvier, il a été élu président de la première chambre du Parlement avec les pouvoirs et les avantages que confère le perchoir. Soit la troisième personnalité la plus importante du pays, selon la Constitution.
Le nouveau chef de 394 élus de la Nation est né en mai 1946 à Bejaâd, près de Khouribga, d’une famille de riches propriétaires terriens dans ce fief des Cherkaoua.
Economiste de formation, il s’engage dans la politique et exactement à l’USFP, parti demeuré pendant des décennies dans l’opposition. Mais tel un Abdelouahed Radi (autre ancien président du Parlement), Ssi Lehbib n’a jamais connu les affres de la détention comme en ont fait l’amère expérience d’autres figures de proue du parti de la Rose.
«L’homme est diplomate, gentil avec tout le monde. Il vous promet monts et merveilles, mais oublie tout dans la demi-heure qui suit», dit de lui un jeune dirigeant de l’USFP.
D’autres militants poussent la méchanceté jusqu’à lui imputer une partie des problèmes organisationnels au sein du parti dès la moitié des années 2000 quand Mohamed Elyazghi et Abdelouahed Radi ont été débarqués des postes de premier secrétaire et de celui de premier secrétaire adjoint.
Il milite au sein de l’USFP sans faire de vagues et collaborait régulièrement au quotidien Libération au moment où le bénévolat au journal du parti était aussi une forme de militantisme.
Son expérience parlementaire (il a enchaîné quatre mandats et en est à son cinquième) commence en 1993, toujours dans la même circonscription: Khouribga. Deux années auparavant, Feu Hassan II crée le CNJA (Conseil national de la jeunesse et de l’avenir), et lui confie la présidence de cette coquille vide (1991-2000).
Egalement connu pour avoir fondé le CMC (Centre marocain de la conjoncture), Habib El Malki change de fusil d’épaule avec le gouvernement d’alternance. Dans le gouvernement Youssoufi I (mars 1998), il est nommé ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime avant d’être débarqué et remplacé par Smaïl Alaoui (PPS) deux ans plus tard.
En 2002, le voilà qui rempile sous Driss Jettou et il se voit confier le ministère de l’Education avant d’hériter, deux ans plus tard, d’un vrai grand pôle: celui de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la formation professionnelle. L’homme a édité un livre d’entretiens pour revenir sur cette expérience et son passage aux deux ministères. Mais les méchantes langues retiennent surtout des histoires de factures salées pour l’achat de fleurs et de chocolat, une sorte de Abdelaâdim El Guerrouj-Gate.
Avec l’avènement du gouvernement El Fassi, Habib El Malki revient à l’ombre. Entre deux réunions du Bureau politique, il s’occupe de ses affaires qu’on dit bien florissantes.
Mais il a d’autres ambitions: le rêve d’être le chef des socialistes. Au 9e congrès d’avril 2012, il tente sa chance devant Feu Ahmed Zaïdi et Driss Lachgar, mais il se fait laminer n’ayant ni le charisme du premier, ni «l’art des coulisses» du second.
Il ne lâche pas son siège au Parlement et le cumule avec la direction de publication des deux titres de l’USFP (Al Ittihad Al Ichtiraki et Libération) en remplacement de Abdelhadi Khaïrate.
Aujourd’hui, il a réalisé un autre rêve en devenant président de la Chambre des représentants. Saura-t-il gérer cette chambre recomposée depuis le 7 octobre? Saura-t-il faire oublier ses prédécesseurs (Talbi Alami et Karim Ghellab) et redorer le blason de l’Hémicycle? Pourra-t-il enfin mettre sur les rails la diplomatie parlementaire, sujet qui lui tient à cœur?
A toutes ces questions, on a toute une mini-législature (le président est à nouveau lu après deux années et demi) pour obtenir des réponses.