Ce n’est certes pas la première fois que l’armée algérienne organise un tel exercice à l'autre bout de la frontière Est du Royaume, mais le présent exercice, organisé dimanche à Oran, doit nous interpeller à tous points de vue. Passons sur l’intonation «biblique» de l’intitulé choisi à cet exercice; passons sur les hyperboles qui ont accompagné cette parade: «les plus grandes manœuvres de l’armée algérienne depuis l’indépendance»… «De 10 à 12.000 soldats sont mobilisés sur une ligne couvrant l’ensemble de la frontière Nord avec le Maroc avec un climax à l’Ouest d’Oran», dégoupille menadefense.net, site proche de l’oligarchie militaire algérienne, sous ce titre: «Toufane 2018, un exercice de grande envergure».
A qui cherche à faire peur l’armée algérienne? Ou plutôt, de qui a-t-elle peur pour organiser ce show qui tient moins d’une manœuvre de combat que d’une opération de communication?
Paraît-il, cet exercice se voudrait une «riposte» à l’exercice combiné «African Lion», dont la 15e édition a pris fin vendredi dernier, dans le Sud marocain, et qui est co-organisé par le Maroc et les Etats-Unis, avec la participation de pays alliés d’Afrique, d’Europe, et du Moyen-Orient.
L’armée algérienne n’a en effet jamais caché son inquiétude quant à cet exercice militaire maroco-américain, quand bien même sa cible n’est pas l’Algérie. Les stratèges de guerre vous diront que, d’après son modus operandi, cet exercice est dirigé principalement contre le danger terroriste qui infeste la région sahélo-saharienne.
Parlons clair, parlons vrai: l’armée algérienne n’est pas sereine et voit d’un œil de plus en plus inquiet la percée discrète mais certaine des Forces armées royales (FAR), particulièrement cette redoutable capacité de dissuasion et cette projection de puissance au-delà des frontières du Royaume, où nos vaillants soldats ont été rodés par tant d’épreuves sur le terrain (Yémen, RCA, RDC, etc). L’armée algérienne est complètement inexpérimentée, et en dehors des exercices sans risque sur son sol, elle n’a jamais tiré une seule balle réelle, ni pris part à une seule guerre en dehors de ses frontières.
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Au Yémen, par exemple, où le Maroc prend part à la guerre anti-Houtis, menée sous commandement saoudien, il n'est pas besoin d'affirmer que les chasseurs marocains F16, malgré le décès de l’un de nos valeureux pilotes, feu Yassine Bakhti, sont les plus redoutés par les milices chiites pro-iraniennes et ceux qui ont montré le plus d’efficacité dans l’atteinte des objectifs.
On comprend aussi (et surtout) pourquoi nos pilotes, solidement formés, et aguerris par tant d'épreuves de terrain, sont devenus un réel motif de préoccupation pour une armée de l’air algérienne, inexpérimentée et disposant d’appareils russes qui, à défaut d’entretien et de maintenance, ont battu le triste record mondial de crashs!
ANP, la «2e armée d’Afrique» qui se crashe!Derrière les classements internationaux, –dont les critères sont essentiellement basés sur un budget défense algérien certes faramineux (plus de 10 milliards de dollars!)–, se cache cette triste réalité d’armée constituée pour une grande partie de soldats inexpérimentés, indisciplinés, et suréquipés de matériels acquis au prix fort (avec ce que cela comporte en termes de rétro-commissions engrangées par des généraux majoritairement véreux), mais non-entretenus. Ce qui vaut aujourd'hui à l’ANP, précisément son armée de l’air, la palme mondiale du pathétique en termes de crashs. Cette armée, qui détient le 20e plus gros budget défense au monde, essuie en effet moult crashs du moins depuis les quatre dernières années.
Une véritable série noire. Le 11 novembre 2014, lors d'une séance d'entraînement, un Mig 25 s'écrase à Hassi Bahbah. Moins d'un mois auparavant, le 13 octobre, un bombardier de type Soukhoï (SU 24) s'est écrasé dans la même région. Le 9 mars 2014, un hélicoptère de l'ANP rate son décollage à l'aéroport d'In Amenas, et retombe quelques centaines de mètres plus loin. Moins d'un mois plus tôt, le 11 février, un avion de transport de type C-130 Hercules s'écrase sur Djebek Fertas, à Oum El Bouaghi, tuant les 77 passagers qui étaient à bord!
2016 apporte aussi son lot de crashs: au mois de mars, un hélicoptère de transport de troupes de type Mi-171 s'est écrasé lors d'une mission de reconnaissance près de Reggane, dans la région d'Adrar à 1.400 km au sud d'Alger tuant douze militaires et en blessant deux autres.
Et le 10 avril dernier, la même armée de l’air algérienne a essuyé le pire crash qui ait jamais été enregistré pendant les vingt dernières années à travers le monde. Un avion de transport militaire, de type Iliouchine II-76, s’est crashé après son décollage de la base aérienne de Boufarik, faisant 257 morts parmi les éléments de l’ANP et les éléments de la soi-disant «armée sahraouie» relevant de la chimérique «RASD»! Ce dernier crash a terriblement terni l’image de l’armée algérienne, au point que –fait extrêmement rare– un député algérien, Lakhdar Benkhellaf, a saisi par une question écrite le vice-ministre de la Défense, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, pour lui demander des explications sur la série de crashs d’avions militaires qui ont fourni à l’ANP le bien triste record d’armée qui compte le plus de morts dans des crashs au monde, pendant les dix dernières années. Et le pire: sans mener le moindre combat! L’opération «Toufane» est donc à interpréter sous le signe d’une manœuvre visant à redorer le blason d’une armée qui se crashe à tout vent, en dépit d’un budget annuel supérieur à 10 milliards de dollars.
Généraux algériens, souriez, vous êtes filmés!Le 8 novembre 2017 marque le lancement, depuis le pas de tir de Kourou en Guyane française, du premier satellite espion marocain. Un pas de géant est alors franchi par le Maroc, qui entre de plain pied dans la cour des grandes puissances spatiales. Grâce à ce bijou technologique, financé par des fonds propres, et piloté par la Direction générale des études et de la documentation (DGED), le renseignement militaire marocain a pris une immense longueur d’avance sur le renseignement algérien.
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«Dans une guerre, le renseignement est essentiel pour déterminer avec précision les cibles et être tenu au courant des équipements, des effectifs et de leurs emplacements et mouvements. De ce point de vue-là, alors que le Maroc observe, l’Algérie est aveugle», explique à le360 un expert. Et d’ajouter : «L’armée algérienne a axé ses dépenses militaires sur l’achat de matériel de combat et elle a omis le renseignement. L’armée algérienne n’est plus sereine depuis qu’elle s’est rendu compte que tous ses mouvements peuvent être mis sous surveillance. Avec le satellite Mohammed VI, les généraux algériens ont pris la mesure de leur erreur tactique».
Il faut au moins quatre années à l’armée algérienne pour espérer corriger ses choix tactiques. Quatre années, c’est très long dans les relations de deux pays qui se disputent le leadership régional. C’est pour cela que l’armée algérienne multiplie ces derniers temps des fuites organisées sur du matériel High tech, «le système de commandement et de contrôle automatisé Polyana D4M1» qui permettrait de commander et coordonner les systèmes de défense anti-aérienne mobiles. Depuis le lancement du satellite Mohammed VI, l’armée algérienne exhibe ses meilleures acquisitions militaires.
La fanfaronnade à laquelle se livre aujourd’hui l’ANP à notre frontière participe du même esprit. C’est une opération de communication de crise: l’armée algérienne gonfle son thorax face à l’armée marocaine, en vue de conjurer un conflit militaire.