On n’a pas fini d’entendre parler du satellite de renseignement mis en orbite par le Maroc, le 8 novembre courant. La scène internationale s'intéresse particulièrement à l'événement. Emboîtant le pas à plusieurs médias étrangers, c’est aujourd'hui le journal français Le Monde qui revient, dans sa version en ligne, sur les enjeux de ce satellite et les raisons pour lesquelles certains voisins du royaume n’ont pas vraiment bien pris la nouvelle.
Dans un article mis en ligne dimanche 19 novembre au soir, Le Monde explique ainsi que, même si les informations officielles font état d’une utilisation civile de cet engin, ses caractéristiques le placent clairement parmi les outils militaires. Pour étayer cette thèse, le média français cite le Centre national français d’études spatiales (CNES) qui affirme que les images que permet de capturer le satellite «peuvent aussi servir à localiser les installations militaires de pays adverses afin de planifier une intervention armée».
Rappelant les caractéristiques du satellite Mohammed VI-A, capable de transmettre en 24 heures plus de 500 clichés de haute définition, Le Monde met l’accent sur le caractère «secret» de ce projet. En effet, souligne la publication, alors que d’autres pays n’hésitent pas à se vanter lorsqu'ils prennent de telles initiatives, le Maroc, lui, a joué la carte de la discrétion jusqu’à l’approche de la date du lancement de la fusée qui a mis en orbite le satellite. Pourtant, le projet date au moins de 2013, puisque la convention d’acquisition du satellite a été signée cette année-là, en marge de la visite du président français de l’époque, François Hollande, au Maroc.
C’est d’ailleurs cette discrétion qui semble laisser perplexes les pays voisins. Tout en soulignant l’irritation d’Alger qui semblait, pourtant, avoir une avance sur le Maroc dans le domaine spatial, Le Monde s’intéresse particulièrement à la réaction de l’Espagne, un pays «ami» du royaume. Des stratèges militaires espagnols, cités fin octobre par El Paìs, s’étaient en effet montrés inquiets face à l’initiative marocaine, rappelant que, bien qu'amis, le Maroc et l’Espagne ont tout de même quelques différends à cause des enclaves de Sebta, Melilla et des cinq îlots contrôlés par l’Espagne au large de la côte marocaine.
En devenant le seul pays africain à s’être doté d’un engin de renseignement aussi performant que le satellite Mohammed VI-A, le Maroc a donc clairement pris de court ses voisins. Il reste maintenant à mesurer les bénéfices qu’il en tirera sur les cinq prochaines années, période correspondant à la durée de vie de ce bijou spatial.