Incontestablement, le nombre des Algériens expatriés est de loin supérieur à celui de leurs frères marocains. Le chiffre est très parlant : 7 millions d’Algériens dont 80% sont concentrés uniquement en France, contre 4,5 millions de Marocains éparpillés à travers le monde entier. Pourtant, cette supériorité numérique algérienne n’a pas de répercussion notable sur le volume de transferts d’argent vers le pays d’origine. Selon un nouveau rapport de la Commission européenne, établi au titre de l’exercice précédent (2014), les Algériens expatriés auront transféré en tout et pour tout vers leur pays un montant de 1,8 milliard d’euros!
Un montant qui reste dérisoire au regard du nombre des Algériens établis à l’étranger (7 millions d’expatriés) mais aussi et surtout de l’argent transféré par les Marocains résidant à l’étranger (MRE) vers leur pays (Plus de 6 milliards d’euros)!
Tout compte fait, les MRE transfèrent 4 milliards d’euros de plus que leurs frères algériens !
Un constat qui remet inévitablement sur le tapis la question du pourquoi. A cela, plusieurs raisons. Premièrement, «l’indifférence flagrante des autorités algériennes à l’égard de l’immigré», comme en a témoigné un Algérien de France, hier dimanche 28 juin, sur la chaîne de télévision algérienne «Al Magharibia».
«Cette indifférence n’a pas épargné les harragas même après leur mort en terre d’exil», s’est-il indigné, relevant que «les dépouilles des Algériens doivent rester un à deux mois à l’étranger avant d’être rapatriées» !
Autre raison invoquée à la bouderie des expatriés algériens, l’absence d’un système proprement dit banquier en Algérie, encore moins de succursales, en nombre suffisant, des banques algériennes en Europe pour assurer les opérations de transfert. «L’anecdote veut que même les ministres du gouvernement algérien, quand ils veulent partir ou rentrer à leur pays, recourent au marché noir pour convertir leur monnaie», ironise un autre expatrié algérien, établi à Genève.
Last but not least, l’Algérien expatrié préfère généralement passer ses vacances dans d’autres pays que l’Algérie, dont le Maroc, la Tunisie ou plus encore la Turquie. Il ne voit pas ainsi d’utilité de risquer son argent dans un pays qui, plus est, miné par l’instabilité.