Le gouvernement est rattrapé par la décision de libéralisation des prix du carburant. En effet, les retombées de la campagne de boycott de trois marques de produits de grande consommation ont dépassé les sociétés visées pour atteindre le gouvernement, écrit le quotidien Al Akhbar dans son édition du 21 mai.
D’abord, explique le journal, le chef du gouvernement a dû présenter des excuses devant le Parlement pour les sorties maladroites des membres de son équipe. Ensuite, c’est la tête d’El Othmani lui-même, mais en tant que secrétaire général du PJD, qui est mise à prix au sein de son propre parti, alors que le gouvernement risque de tomber à tout moment, emporté par une motion de censure actuellement en gestation au niveau de l’opposition parlementaire.
Pendant ce temps, les retombées du rapport de la commission parlementaire d’information sur le prix du carburant risquent, elles, de faire flancher une majorité déjà fragile, écrit le journal dans une longue analyse consacrée à cette question. Ce faisant, le journal est également revenu sur la manière désastreuse dont le gouvernement précédent a mené la réforme de la caisse de compensation. Ce qui lui a valu de sévères critiques de la Cour des comptes. Cette dernière estime, en effet, que le gouvernement n’a pas pris en compte les conséquences de cette initiative sur le pouvoir d’achat des citoyens, ni sur le maintien des filets sociaux et encore moins sur la compétitivité des entreprises.
Pour Al Akhbar, il est clair que la responsabilité de l’ancien chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, est pleinement engagée dans cette situation. L’ancien gouvernement n’avait, en effet, pas prévu de mesures d’accompagnement de la décompensation des prix du carburant, explique le journal. De même qu’il n’a pas mis en place un système efficace de contrôle de l’évolution des prix à la pompe au regard des cours internationaux du pétrole. Il n’a pas, non plus, mis en place de mécanismes d’intervention au cas où les prix à la pompe atteindraient des niveaux insupportables.
C’est sans doute pour ne pas refaire les mêmes erreurs que l’actuel gouvernement planche, en ce moment, sur une solution plus à même d’atténuer les effets de la décompensation sur le pouvoir d’achat des citoyens, affirme le journal. C’est ainsi, explique Al Akhbar, que l’Exécutif s’apprête à mettre en place une «carte du pauvre», permettant aux couches sociales les plus défavorisées de bénéficier des aides directes pour faire face à la hausse des prix conséquente à la levée de la compensation. Ces aides seront prélevées sur le budget consacré actuellement à la compensation de certains produits de base, notamment le sucre et le gaz, pour lequel l’actuelle loi de finance prévoit une enveloppe de 13 milliards de dirhams.