Vendredi dernier, peu avant minuit, la cour d’appel de Casablanca a confirmé le verdict prononcé en première instance à l’encontre de Nasser Zefzafi et ses quelque 40 coaccusés. Selon le quotidien Assabah de ce lundi 8 avril, le prononcé du verdict a été retardé de quelque cinq heures. Et pour cause, le représentant du parquet général a envoyé une unité de la police judiciaire à la prison d’Oukacha, en vue de demander à Zefzafi et 32 autres coaccusés de se présenter devant le juge pour assister au prononcé du verdict les concernant. Après plusieurs conciliabules, les détenus ont maintenu leur refus catégorique de quitter la prison, affirmant connaître d’avance ce qui les attend.
Rappelant que tous ces accusés qui ont écopé de peines allant d’une année à 20 ans de prison, sont directement impliqués dans les violences qui ont secoué la région d’Al Hoceïma pendant plusieurs mois (fin 2016 et début 2017), Al Ahdath Al Maghribia rappelle, pour sa part, la chronologie des principaux «actes criminels» pour lesquels ces prévenus répondent aujourd’hui devant la justice.
Revenant sur ces douloureux évènements, le quotidien Al Ahdath Al Maghribia précise que si la mort du vendeur de poisson Mohcine Fikri, tué dans un camion-benne de la voierie publique, a été le déclencheur de quelque 320 manifestations au départ pacifiques, et où ont participé au total 68.000 personnes à Al Hoceima, Imzouren et Bouayyach durant six mois, la violence contre les forces de l’ordre, l’atteinte à la sûreté de l’Etat, la destruction des biens publics et privés a fait réagir fermement les autorités en vue de mettre fin à l’anarchie.
Al Ahdath revient surtout sur le drame auquel ont échappé des dizaines de policiers à Imzouren, le 26 mars 2017, lorsqu’un immeuble entier où ils résident a été incendié et encerclé par les manifestants, qui en interdisaient l’accès aux pompiers et forces de l’ordre. Acculés à sauter dans le vide du haut de l’immeuble en flammes, plus de 90 éléments des forces de l’ordre ont été blessés plus ou moins gravement dans cet incident. Certains d’entre eux ont été évacués d’urgence à l’hôpital militaire de Rabat. Et ce sans parler des dizaines d’estafettes, motos et autres matériels des forces de maintien de l’ordre qui ont été brûlés ou caillassés… Le 5 juillet 2017, ajoute Al Ahdath, le summum de l’anarchisme a été atteint, lorsque Nasser Zefzafi a violemment interrompu le prêche de la prière du vendredi dans la mosquée Mohammed V d’Al Hoceima. Acte qui a conduit à son arrestation, puis celles de ses principaux lieutenants (plus d’une quarantaine), dont le procès qui vient de se clore aura duré quelque 22 mois.
Pour sa part, le quotidien Akhbar Al Yaoum s’est surtout concentré sur les réactions qui ont suivi le verdict de la cour d’appel. Les parents des accusés sont bien sûr «sous le choc et rejettent en bloc les peines injustes», alors que la secrétaire générale du Parti socialiste unifié (gauche radicale), Nabila Mounib, a estimé que ce genre de condamnations «ramène le Maroc à l’ère des années de plomb». Le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, Mustapha Ramid, qui avait jugé auparavant que les peines prononcées en première instance étaient très «sévères et douloureuses», est revenu sur son appréciation pour appeler Zefzafi et ses compagnons «à présenter leurs excuses à l’Etat pour les torts qu’ils ont commis».
De son côté, l’avocat Mohamed El Husseini Karrout a estimé que les peines, confirmées vendredi soir en appel, «sont parfaitement raisonnables vu la gravité des faits pour lesquels Zefzafi et ses amis sont poursuivis», comme l’atteinte à l’intégrité territoriale et à la sécurité de l’Etat.
Les quotidien Al Akhbar et Al Massae, qui ont, eux, sobrement traité cette affaire, ajoutent tout de même que des représentants des ambassades néerlandaise et sud-africaine ont assisté à l’audience de la cour d’appel de Casablanca. Al Massae, tout en précisant qu’il reste encore aux condamnés la possibilité de saisir la cour de cassation, conclut que cette voie de recours ultime a été jugée improbable par les défenseurs de Zefzafi et compagnie. De grâce, suivez leur regard.