Coup dur pour les députés du parti islamiste qui espéraient entraver l'examen de la loi sur la légalisation du cannabis à la Chambre des représentants. Le journal Assabah avance, dans son édition du mercredi 28 avril, que le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit
a anticipé les manigances du PJD, qui cherche à bloquer le démarrage de l'examen de la loi au Parlement, en annonçant que son département allait présenter une étude scientifique traitant de la légalisation du cannabis pour des usages médicaux et industriels.
L'étude en question a été préparée en amont par le ministère de l'Intérieur, pour contrer toute demande de report de l'examen du projet de loi. Assabah explique, en citant des sources anonymes, que le PJD cherche par tous les moyens à bloquer l'étude du projet de loi, en usant de "duperies", pour éviter les répercussions que cela pourrait avoir sur le parti.
En effet, la loi sur le cannabis a engendré des conflits internes au sein de la formation islamiste au pouvoir. L'ex-numéro un du parti, Abdelilah Benkirane, n'
a pas hésité à menacer de claquer la porte du parti si cette loi était adoptée. Il a déjà gelé son adhésion au parti, au moment de son adoption au Conseil du gouvernement présidé par Saâd-Eddine El Othmani, qui est par ailleurs le secrétaire général du PJD.
Le départ de Benkirane serait le prélude d'une division au sein du parti, déjà empêtré dans les conflits internes depuis un moment. Selon Assabah, pour éviter le scénario catastrophe qui se profile, les députés du PJD cherchent à reporter autant que possible le démarrage de l'examen de la loi, prétextant attendre la position du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) et l'avis du Conseil National des Droits de l'Homme (CNDH). Ils ont également demandé au président de la Chambre des représentants la formation de deux missions exploratoires.
La première mission aurait pour but d’examiner la situation des agriculteurs du cannabis dans le Nord du Maroc. La seconde mission exploratoire, à effectuer dans les centres de désintoxication, viserait à examiner le fléau de l’addiction aux stupéfiants. Le PJD a même tenté, selon le journal, d'exclure la commission de l'intérieur de la discussion du projet de loi, sans succès. Avant l'arrivée du projet de loi au Parlement, les ministres PJD ont à leur tour usé de tous les moyens pour retarder le processus législatif. Il a fallu quatre conseils de gouvernement pour que le projet soit adopté. Par la suite, c'est le chef du gouvernement qui a pris tout son temps avant de déposer le texte au Parlement. Autant dire que l'examen de cette loi ne sera pas de tout repos.