L'Algérie invoque des "raisons humanitaires" pour expliquer sa décision de réintroduire dans son territoire les quarante syriens bloqués depuis le 17 avril dernier à la frontière avec le Maroc. Cette explication, avancée jeudi 1er juin par le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, laisse perplexe. C'est Alger qui a été à l'origine de leur expulsion, dans la nuit du 17 au 18 avril dernier. Pourquoi les autorités algériennes n'ont-t-elles pas tenu compte de ces considérations humanitaires quand elles ont embarqué ces ressortissants syriens qui se trouvaient sur son sol à bord de camions de l'Armée nationale populaire (ANP) vers un no man's land situé à la frontière algéro-marocaine? Et puis, pourquoi ont-elles attendu plus d'un mois pour claironner aujourd'hui à grand roulement de tambours la décision d'"accueillir" ces ressortissants, dont des femmes et des enfants?
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"Cette décision aurait pu intervenir plutôt pour éviter le drame humanitaire et les souffrances subies par les familles syriennes, dont plusieurs femmes et enfants, pendant plusieurs semaines", explique une source diplomatique contactée par le360.
Le Maroc avait accusé Alger de vouloir instrumentaliser le drame de ces familles syriennes à des fins d'agenda bilatéral. Dans un comuniqué du MAECI, le royaume avait en effet jugé "immorale" l'explusion de ces ressortissants vers la frontière algéro-marocaine. Une manière sournoise de la part d'Alger de mettre dans l'embarras les autorités marocaines, qui seraient appelées ou auraient fini par donner accès à ces ressortissants au territoire national.
Seulement voilà, tout le monde est conscient de l'aide importante que le royaume n'a eu de cesse d'apporter aux réfugiés syriens. Il faut souligner que le premier hôpital mis à la disposition des réfugiés syriens dans le camp Zaâtari, en Jordanie, est marocain. Depuis son installation, cet hôpital dispense quotidiennement des centaines de prestations médicales.
S'agissant de la politique migratoire, il y a lieu de préciser que le royaume assume pleinement ses responsabilités à l'égard des ressortissants syriens, à travers la régularisation de la situation de plus de 5.250 Syriens et l'octroi du statut de réfugiés à plusieurs centaines d'autres.
Et ce n'est pas fini. Le Maroc octroie au HCR la somme de 250.000 dollars dans le cadre de l'assistance aux réfugiés syriens et a envoyé 2.000 tentes résistantes au froid aux camps des réfugiés en Turquie ainsi que d'importantes quantités de provisions diverses. Le Maroc a également octroyé 4 millions de dollars américains au profit des réfugiés syriens lors de la conférence des donateurs tenue au Koweït en 2013. Autant dire qu'en matière d'aide humanitaire, le Maroc n'a rien à prouver et que l'attitude récente de l'Algérie à l'égard des quarante réfugiés syriens n'est qu'un juste retour des choses. En les chassant de ses terres comme en les récupérant, Alger aurait cependant pu ne pas en jouer.