Quand l’action associative se transforme en outil électoral

Les locaux de l'Entraide nationale, à Rabat.

Revue de presseÀ l’approche des élections législatives, certaines pratiques détournent les espaces sociaux et la société civile de leur vocation première. Entre activités improvisées, réouvertures opportunistes de centres et mobilisation associative de façade, l’action sociale se retrouve parfois instrumentalisée pour servir des stratégies politiques à court terme. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 02/12/2025 à 19h07

À l’heure où les orientations royales appellent à un modèle de développement fondé sur la durabilité, la planification et la responsabilisation des acteurs, certaines pratiques révèlent une tout autre réalité. Le glissement progressif de l’action sociale et de la société civile vers des usages électoralistes. Un dévoiement qui menace l’esprit même du chantier national en cours, relate le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce mercredi 3 décembre.

Depuis plusieurs semaines, les autorités territoriales ont renforcé leur vigilance, allant jusqu’à organiser des formations destinées à cadrer l’intervention des acteurs sociaux et à éviter que l’espace associatif ne devienne un terrain de manœuvres politiques. L’une des mesures les plus marquantes consiste à limiter les rencontres directes entre élus locaux et associations, afin d’empêcher toute tentative de transformer l’action sociale en instrument de séduction électorale anticipée.

Cette prudence s’explique par une recrudescence visible de stratégies de récupération politique à l’approche des élections législatives, écrit Al Ahdath Al Maghribia. Dans plusieurs quartiers, des centres sociaux longtemps inactifs rouvrent soudainement, des ateliers surgissent sans étude préalable des besoins, et des initiatives de divertissement sont présentées comme du soutien social alors qu’elles véhiculent des messages politiques implicites. Même certaines célébrations nationales se retrouvent instrumentalisées pour créer une présence sur le terrain sans l’assumer ouvertement.

Derrière ces mouvements, se dessine une mécanique bien rodée: fabriquer une dynamique sociale de façade afin d’alimenter une image publique avantageuse, sans produire de véritable impact sur les populations vulnérables. Plusieurs élus, installés depuis longtemps dans le paysage local, semblent peu enclins à abandonner ces pratiques qui leur permettent de consolider leur influence au détriment d’une action sociale authentique.

Ce phénomène s’avère d’autant plus préoccupant que les espaces sociaux, des centres de l’Entraide nationale aux foyers féminins, constituent l’épine dorsale de la vision royale pour un développement intégré. Ils devraient être des lieux d’émancipation, de formation et d’autonomisation, notamment pour les femmes et les enfants. Pourtant, lorsqu’ils deviennent des vitrines électorales, ils perdent leur vocation et trahissent les objectifs initiaux.

Les programmes dédiés aux publics vulnérables, censés favoriser l’autonomie économique, l’inclusion et la réduction de la précarité, sont alors détournés de leur finalité. À la place d’un accompagnement structuré et durable, on assiste parfois à un enchaînement d’activités improvisées, conçues pour marquer les esprits plutôt que pour répondre à des besoins réels.

Face à ces dérives, le ministère de l’Intérieur intervient pour rétablir l’esprit du projet royal et garantir la neutralité des espaces sociaux, évaluer les actions selon leur impact réel et empêcher toute instrumentalisation politique, directe ou indirecte, rapporte Al Ahdath Al Maghribia. Le renforcement du contrôle, la transparence dans la gestion des activités et l’évaluation objective des associations deviennent des impératifs pour empêcher l’enracinement de ces pratiques.

Le défi, en effet, dépasse la simple gestion administrative. Il s’agit de protéger un chantier sociétal majeur contre des logiques de court terme, où la vulnérabilité sociale devient une monnaie d’échange électorale. Tant que certaines mentalités persisteront à exploiter les questions d’ordre humanitaire à des fins de calculs politiciens, le développement intégré restera fragilisé.

Par La Rédaction
Le 02/12/2025 à 19h07