Un super ministre. C'est ainsi que se voit le nouveau ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme, le PJDiste Mustapha Ramid. Pour répondre à ceux qui, au sein même de son propre parti, ne prennent pas au sérieux la nature de son nouveau poste, l’ancien ministre de la Justice et des liberté s'est targué d'être «ministre de tout», rapporte le quotidien Assabah dans son édition du lundi 29 mai. Et «quand je dis que je suis ministre de tout, j'entends que je peux intervenir, ne serait-ce que sur un plan moral, dans différents départements ministériels, que ce soit le ministère de la Santé, de l’Emploi ou de l’Habitat. Bref, je peux intervenir dans tous les domaines ayant trait aux droits de l’Homme», a affirmé le ministre devant la commission de la Justice à la Chambre des conseillers.
Bien sûr, les propos du ministre n’ont pas laissé indifférents les membres de la commission, ajoute le journal. Ils ont même suscité une salve de moqueries, certains membres de ladite commission n’ayant pas hésité à relever, en ricanant, qu’ils n’étaient pas au courant de l'existence, dans le gouvernement El Othmani, d'un super ministère ayant un droit de regard sur l’action des autres départements ministériels. D’autres conseillers de la majorité ont de même exprimé leur étonnement face à ce gouvernement à deux têtes, constitué d'un chef de gouvernement en la personne de Saâd-Eddine El Othmani et d'un chef de gouvernement bis, en la personne de Mustapha Ramid.
Autant dire, affirme le journal, que le ministre d’Etat a passé un mauvais quart d'heure devant la commission. Même les élus de son propre parti l’ont, à un moment, pris à parti, lui reprochant sa responsabilité, lorsqu'il était ministre de la Justice, dans l’arrestation de cinq membres de la jeunesse du parti, accusés d’apologie du terrorisme.
Pourtant, affirme le journal, le ministre ne semble pas avoir été découragé par la réaction des élus de la Nation. Il a ainsi présenté, pour la défense des droits de l’Homme au Maroc, une nouvelle feuille de route bien plus ambitieuse que celle de l’ancienne délégation interministérielle. Il reconnaît, néanmoins, que les ressources humaines dont dispose ce département nouvellement créé restent en-deçà de ses attentes. L’ancienne délégation interministérielle, dont le ministre a hérité des structures et des attributions, ne disposait en effet, en tout et pour tout, que de 72 fonctionnaires, dont 20 détachés des autres départements gouvernementaux.
D'ailleurs, affirme le journal, le nouveau ministre ne s’est pas privé de critiquer l’action de la délégation, qu’il juge très limitée, surtout pour ce qui est de la coordination entre les différents ministères concernés par la question des droits de l’Homme.