Vendredi dernier, un Tchétchène du nom de Mogouchkov a poignardé un prof’ de lettres, Dominique Bernard, dans la cour d’un lycée d’Arras. Ce crime abject a horrifié la France entière -et au-delà. Après avoir rendu hommage à un enseignant unanimement respecté, il faut poser la question qui fâche. Qui est responsable de la mort de Dominique Bernard?
Mogouchkov? A priori, oui. C’est bien lui qui s’est armé d’un couteau et qui a pris le chemin du lycée pour y perpétrer son crime. Du point de vue juridique, c’est lui le coupable. Mais est-il le seul responsable? L’extrémisme religieux, les prédicateurs semeurs de haine et d’intolérance sont responsables, eux aussi. Il est bien dommage qu’on ne puisse les asseoir, eux aussi, sur la sellette.
Continuons. Qui est responsable de la mort de Dominique Bernard?
Quand on examine les choses de près, d’autres responsabilités apparaissent. Visionnons le film depuis le début. La famille Mogouchkov -les parents et quatre enfants- arrive en France en mars 2008, en provenance de Russie, et dépose une demande d’asile. Constatant que ces gens-là ne sont pas persécutés dans leur pays d’origine et qu’ils n’y courent aucun danger, l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) rejette leur demande. Ils auraient dû quitter la France. Ils y restent.
Toute personne déboutée par l’Ofpra -qui est pourtant une instance sérieuse et compétente- peut demander un réexamen de sa situation. Les Mogouchkov le font. Deux ans plus tard, la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) les déboute à nouveau. Ils auraient dû quitter la France. Ils y restent.
L’administration leur notifie une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Ils déposent un recours. Le tribunal administratif de Rennes le rejette. Ils font appel (ça commence à ressembler à un gag). La Cour administrative d’appel le rejette. Nous sommes en avril 2011. Une association leur indique qu’ils peuvent solliciter une «admission exceptionnelle au séjour», ce qu’ils font promptement.
L’administration prend son temps pour examiner le recours, mais, en définitive, leur signifie une nouvelle OQTF en juillet 2013. Ils auraient dû quitter la France. Ils y restent.
Le consulat de Russie a pourtant délivré sans rechigner les laissez-passer consulaires nécessaires au retour des Mogouchkov dans leur pays. On les place en rétention au Mesnil-Amelot, à proximité de l’aéroport de Roissy. Ils sont sur le point de quitter la France.
Mais voilà qu’une nébuleuse d’associations, de droits-de-l’hommistes et d’opportunistes politiques entre dans la danse: le Mrap, mouvement anti-raciste (alors qu’il n’est nullement question de racisme dans cette affaire), la Cimade, la fédération locale du Parti communiste français (PCF), le collectif de soutien aux sans-papiers, etc. Tous ces gens-là contestent une chose jugée et des décisions de l’État. Leur tohu-bohu anéantit le travail patient de l’État et de la justice. La préfecture d’Ille-et-Vilaine, paniquée, annule tout. La famille Mogouchkov retrouve son appartement et les aides sociales qui lui permettent de vivre sans travailler.
C’est le moment de reposer la question qui fâche. Qui est responsable de la mort de Dominique Bernard? La réponse est simple: tous ceux qui se sont opposés à la Justice et à l’État. Sans leur activisme factieux, l’assassin n’aurait pas été présent sur le territoire français.
Maintenant, vous pourriez me dire: en quoi tout cela nous regarde-t-il? Laissons les Français digérer ce drame. Certes. Mais ne sont-ce pas ces mêmes Français, ou plutôt leurs politicards de gauche et leurs journaux du même bord, qui ne cessent de nous brocarder en braillant à tout propos que nous vivons sous un régime autoritaire, sécuritaire, dans une pseudo-démocratie illibérale?
En réalité, nous vivons dans un pays où, à la différence du leur, les décisions de justice sont exécutées et où l’État est respecté. La première mission de l’État, c’est d’assurer l’ordre public et la sécurité des citoyens. Pour cela, vaut-il mieux avoir un État fort et respecté, comme le nôtre, ou un État faible, comme le vôtre, qui n’arrive même pas à faire appliquer ses décisions? Méditez cela, messieurs et mesdames qui vous mêlez de nos affaires.
Parce que s’il avait vécu sous la protection de notre État, Dominique Bernard serait encore vivant.