C’est un scénario que le ministère de l’Intérieur voulait à tout prix éviter. Mais à cause de l’entêtement du Parti de la Justice et du développement (PJD) à refuser de s’aligner sur la position des autres partis, les concertations en préparation des prochaines échéances électorales se terminent bien sur un blocage. Aucun consensus au sujet des amendements des lois électorales n’a été trouvé, alors que celles-ci vont désormais être soumises au Parlement.
Al Akhbar, qui se pose la question de savoir si le PJD ne cherche finalement qu’à reporter les prochaines élections de 2021, consacre dans son édition du lundi 26 octobre une analyse à cette situation politique tendue.
La publication rappelle d’abord le principal sujet de discorde. Lors des concertations, des partis ont proposé des amendements des lois électorales qui concernent, entre autres, le mode de calcul du quotient électoral. Dans la majorité ou l’opposition, il sembe y avoir un consensus sur cet amendement qui voudrait que le quotient soit désormais calculé sur la base du nombre d’inscrits sur les listes électorales au lieu du nombre de votes valides. Mais c’était sans compter avec le PJD qui s’est opposé fermement à ce changement. La raison: le nouveau calcul rendrait difficile, pour les partis, l’obtention de deux ou trois sièges dans une même circonscription. Le parti de la Lampe craint ainsi d’être le principal perdant de cet amendement. En effet, lors des dernières élections, le PJD a réussi à l’emporter, car il était parvenu à briguer au moins deux sièges dans plusieurs circonscriptions où le quotient électoral était faible, ce qui ne sera plus le cas avec le nouveau calcul.
Lors de ces concertations avec les partis politiques, le ministère de l’Intérieur a bien cherché à trouver un terrain d’entente, mais le PJD a campé sur sa position jusqu’à la fin, empêchant ainsi le consensus.
Pourtant, selon les sources d’Al Akhbar, ce blocage ne fait pas l’unanimité au sein du PJD, surtout qu’il ne reste plus que quelques mois avant les prochaines élections. Des tensions seraient apparues ces dernières semaines entre des leaders du parti, certains n’étant pas vraiment d’accord avec ce refus catégorique de l’amendement proposé. Pour d’autres, il faut laisser la balle entre les mains du Parlement qui est habilité à se prononcer sur ce changement du mode de calcul. En tout cas, la position exprimée officiellement par le parti ne semble pas être celle de tous ses membres.
Dans cette situation particulière, des questions se posent donc sur les scénarios de dénouement possibles en cette période de préparation des élections. Al Akhbar croit savoir que la fermeté exprimée par le PJD ne serait finalement qu’un moyen de pousser les autres partis à lâcher aussi du lest. Les sources du journal sont convaincues que l’amendement finira par être accepté, mais à certaines conditions. Le scénario le plus probable, selon les mêmes sources, serait que le mode de calcul soit effectivement revu, mais pas de la manière souhaitée par les autres partis. Il devrait être basé sur le nombre de votes exprimés au lieu du nombre d’inscrits, c’est-à-dire le nombre de votes valides, ceux annulés, ainsi que les votes blancs. Ce scénario est d'autant plus crédible que le PJD est bien conscient que le fait d'en arriver au vote des députés sur la proposition d’amendement dans sa version initiale n’est pas à son avantage, vu que les autres partis sont tous alignés et que le parti de la coupole n’y a pas à lui seul la majorité absolu.
Quoi qu’il en soit, si les concertations menées à l’initiative du ministère de l’Intérieur sont désormais closes, les tractations en coulisse devraient se prolonger encore plusieurs semaines pour débloquer la situation actuelle.