Rabat: les délégations de pouvoirs ravivent les tensions au sein du conseil communal

La maire de Rabat, Fatiha El Moudni, présidant le Conseil communal du 3 octobre 2024 (Y.Mannan/Le360).

La maire de Rabat, Fatiha El Moudni, préside une session du Conseil communal, le 3 octobre 2024 (Y.Mannan/Le360).

Revue de presseLe dossier des délégations de pouvoirs accordées aux adjoints de la maire de Rabat suscite à nouveau la controverse au sein du conseil communal. Entre critiques sur le manque de clarté dans la répartition des compétences et défense de leur légalité par la majorité, ce débat révèle l’existence de tensions politiques persistantes et d’enjeux de gouvernance qui pourraient peser sur la gestion future de la capitale. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 18/12/2025 à 18h27

La controverse s’est de nouveau invitée au sein du conseil communal de Rabat autour du dossier des délégations de pouvoirs accordées aux adjoints de la maire. Un débat récurrent qui a ravivé des tensions politiques latentes au sein de l’assemblée et relancé les critiques sur les modes de gestion des compétences et la répartition des responsabilités au sein de l’exécutif de la capitale. Dans son édition de ce vendredi 19 décembre, le quotidien Al Akhbar indique que plusieurs conseillers communaux, issus aussi bien de l’opposition que de la majorité dirigeante, ont exprimé leurs réserves quant à certaines délégations récemment adoptées.

Ils estiment que celles-ci se caractérisent par un manque de précision et de clarté, ne respectant pas, à leurs yeux, le principe d’une répartition transparente des compétences. Une situation qui, selon eux, pourrait engendrer des chevauchements de prérogatives et provoquer des conflits de décisions au sein des services communaux. Des conseillers ont notamment souligné que certaines délégations accordent des pouvoirs étendus dans des secteurs jugés sensibles, tels que l’urbanisme, la gestion du patrimoine communal ou encore les marchés publics, sans définir de manière rigoureuse les champs d’intervention ni les mécanismes de coordination avec les autres adjoints et les commissions permanentes.

Ils considèrent que cette approche porte atteinte au rôle délibératif et de contrôle du conseil et constitue une source potentielle de désorganisation du travail administratif. Face à ces critiques, l’équipe de la maire défend la légalité des délégations mises en place, affirmant qu’elles s’appuient sur les dispositions de la loi organique n°113.14 relative aux collectivités territoriales, laquelle autorise le président du conseil à déléguer une partie de ses attributions à ses adjoints, souligne Al Akhbar. Selon la majorité, la ville de Rabat est engagée dans la mise en œuvre de grands chantiers liés à la requalification urbaine et au développement des infrastructures, ce qui nécessite une répartition pragmatique des tâches afin d’éviter la lourdeur des procédures et le ralentissement des projets.

Toutefois, pour les élus de l’opposition, le problème ne se limite pas au cadre juridique, a-t-on lu dans Al Akhbar. Ils pointent des arrière-plans politiques entourant le dossier des délégations, estimant que la récurrence de ce débat révèle l’existence de luttes internes pour le contrôle et la gestion de dossiers stratégiques, notamment à l’approche des prochaines échéances électorales. Certaines voix vont jusqu’à considérer ces délégations comme un moyen de redéfinir les rapports de force au sein du conseil, davantage que comme un simple outil technique destiné à améliorer la gouvernance locale.

Par ailleurs, plusieurs conseillers ont attiré l’attention sur l’impact de ces délégations sur le fonctionnement des commissions permanentes. Ils estiment que l’élargissement des pouvoirs de certains adjoints risque de réduire l’efficacité de ces commissions et d’affaiblir leur rôle en matière de suivi et de contrôle, en contradiction, selon eux, avec l’esprit de la démocratie locale et le principe de responsabilité et de reddition des comptes. Dans ce contexte, des acteurs politiques et associatifs appellent à l’adoption d’une approche plus transparente dans la gestion du dossier des délégations. Ils plaident pour la publication claire de leur contenu, une définition précise des domaines de responsabilité et la mise en place d’une évaluation périodique, fondée sur l’intérêt général de la ville et de ses habitants, loin des calculs politiques étroits.

Le débat autour des délégations de pouvoirs devrait se poursuivre lors des prochaines sessions du conseil communal de Rabat, dans un climat marqué par la montée des appels à une application rigoureuse de la loi organique sur les collectivités territoriales et à la révision de certaines délégations controversées. L’objectif affiché est de garantir la stabilité du fonctionnement communal et d’éviter à la capitale un regain de tensions politiques susceptibles d’affecter négativement la gestion de ses affaires de développement et de services publics.

Par La Rédaction
Le 18/12/2025 à 18h27