La démission de Salaheddine Mezouar de la présidence du RNI a fait l'effet d'un séisme dans le champ politique national. Manoeuvre tactique pour les uns, surenchérissement sur le nombre de portefeuilles à glaner dans le prochain gouvernement Benkirane, pour d'autres. "Nous n'avons à aucun moment évoqué la question des portefeuilles", dément Rachi Talbi Alami, dans un entretien avec Le360. Oui, le RNI a posé des conditions à sa participation au prochain gouvernement mais les conditions qui nous ont été prêtées relèvent plutôt de l'affabulation, voire de l'intox.
Interrogé sur la partie qui serait derrière cette campagne anti-RNI, Rachid Talbi Alami pointe avec clarté et sans détour ces "brigardes électroniques" rameutées par leur parti (Justice et développement) afin de nuire à la réputation du RNI. "Nous ne pouvons être partenaires du PJD dans un même gouvernement et prêter le flanc aux invectives de son armée électronique", tranche notre interlocuteur, précisant que les conditions de son parti à toute participation gouvernementale se résument au respect de l'opinon du RNI, au nivellement du discours politique vers le haut, le hissement de l'intérêt de la Nation au-dessus des considérations partisanes étriquées...
Or, il semble que ces conditions d'ordre plutôt déontologique n'aient pas été entendues de cette oreille. Rachid Talbi Alami dénonce une campagne de discrédit tout azimut contre le RNI, partant de la démission de Mezouar à la réintégration de Aziz Akhennouch, en passant par l'alliance RNI-UC.
S'agissant de la démission, présentée par Mezouar dimanche 9 octobre, Rachid Talbi Alami salue "un acte courageux qui devrait désormais inspirer notre action politique". Seulement voilà, "nous avons convaincu Mezouar de continuer à gérer le parti jusqu'à l'élection d'un nouveau président". "Deux options ont été mises sur la table du bureau politique réuni à cet effet: l'option d'un congrès ordinaire ou d'un congrès extraordinaire. Et notre choix s'est finalement porté sur le congrès extraordinaire, sachant qu'un congrès ordinaire nécessite au moins trois mois de préparation", indique Rachid Talbi Alami. Un choix corroboré par la sensibilité de la période post-électorale, marquée par les tractations pour la constitution d'un nouveau gouvernement.
Pour précision, le successeur de Mezouar à la tête du RNI ne sera connu que le 29 octobre, à l'issue du congrès extraordinaire. Or, ne voilà-t-il pas que du "bruit médiatique" se fait autour de la personnalité d'Aziz Akhennouch, et de sa réintégration du RNI en particulier. "Une réintégration pourtant normale, et il n'est qu'à examiner les statuts du RNI pour s'en convaincre", précise Rachid Talbi Alami. "Il appartient à tout cadre du RNI, après avoir gelé son adhésion au parti, de le réintégrer quand bon lui semble", ajoute-t-il, relevant que cette décision est simplement actée par le bureau politique.
Evoquant les cris d'orfraie suscités autour de l'alliance RNI-Union constitutionnelle (UC), Rachid Talbi Alami clarifie que cette alliance ne date pas d'hier et que les canaux de communation sont restés ouverts entre les deux partis, même après l'entrée du RNI au gouvernement Benkirane en 2013. "Nous avons beaucoup de points communs avec l'UC", explique-t-il, en appelant les parties à l'origine de cette campagne à mettre un bémol à leur intox qui ne fera surtout pas avancer l'action politique au Maroc.