Une réaction aussi violente qu’inattendue de la part du prétendant à la présidence de l’Union internationale des savants musulmans, inscrite par les autorités de Dubaï, depuis le 15 novembre, sur la liste noire des organisations terroristes. Ahmed Raïssouni, en exil à Doha, a puisé dans le jargon de la diffamation pour contester une décision émiratie souveraine basée sur des faits mettant en cause cette organisation. En guise d’entrée, le savant, converti en pourfendeur des régimes, a usé de l’arme redoutable de l’ironie: «C’est un acte excellent et instructif, dont le mérite est de nous édifier sur la nature de ces créatures qui gouvernent à Dubaï»!, a-t-il déclaré, en les qualifiant d’«analphabètes»! «Ces analphabètes tentent depuis des années de se donner une importance, une place et un rôle dans ce bas-monde. Maintenant qu’ils ont épuisé toutes leurs possibilités, ils se lancent, tels des kamikazes, contre tout ce qui est musulman, intègre et noble», a poursuivi Raïssouni, dont les propos sont religieusement reproduits sur le site d’Al Adl Wal Ihssane.
Une sortie «politiquement incorrecte»!
Il va sans dire que notre flamboyant prédicateur a raté une belle occasion de se taire, d’autant que «l’Union», un ramassis de Frères musulmans en rupture de ban, a réagi de manière diplomatique à la décision émiratie, via un communiqué diffusé, mercredi 19 novembre, à partir de son siège à Doha, au Qatar. Dans ce communiqué, l’Union, présidée par Cheïkh Qaradaoui, a appelé les autorités émiraties à «revoir leur position» en soulignant «se réserver le droit» de contester par les voies légales cette décision «injuste envers l’Union et ses savants». Un communiqué beaucoup plus mesuré que le ton insultant adopté par le prédicateur enflammé. Un ton qui, placé sous un angle politique, contraste nettement avec le retour à la normalité des relations entre Ryad, Dubaï et Manama, d’une part, et Doha, de l’autre. En froid depuis août dernier, qui a marqué le rappel des ambassadeurs saoudien, émirati et bahreïni à Doha, en raison justement du rôle déstabilisateur de l’Union, les relations entre le Qatar et les autres pays khalijis ont connu, à la mi-novembre, un début de réchauffement. Un développement qui n’a pourtant pas été pris en considération par l’illustre Raïsouni, qui a souvent cultivé cette image peu reluisante de «botteur en touche»!