Le pouvoir et la symbolique religieuse. Cet axe était on ne peut mieux maîtrisé par le roi Hassan II, durant tout son règne. En effet, dès son accès au Trône, il a initié les causeries religieuses durant le mois sacré du Ramadan.Ainsi, des oulémas étrangers et marocains animaient ces rencontres spirituelles autour de thèmes ayant généralement trait à l’actualité. Mais, en décembre 1966, le roi Hassan II a décidé d’en animer une lui-même. Il avait alors, pour cela, choisi ce hadith: «Que celui d’entre vous qui voit une chose répréhensible la corrige de sa main! S’il ne le peut de sa main, qu’il la corrige avec sa langue! S’il ne le peut avec sa langue, que ce soit avec son cœur et c’est là le degré le plus faible de la foi».
Selon l’hebdomadaire Al Ayyam dans son édition du 30 juin au 6 juillet, c’était la première fois que ce hadith faisait l’objet d’une interprétation et d’explications lors d'une causerie religieuse. Ainsi, le défunt roi l’avait abordé selon trois axes. «Que celui d’entre vous qui voit… »: premier axe, qui s’adresse à ceux qui détiennent le pouvoir et ont pour mission d’assurer la sécurité, la stabilité et la quiétude des citoyens. C’est cette catégorie qui est appelée à «corriger de sa main».
Le deuxième axe du hadith renvoie à la correction par la parole, la langue. Selon l’explication donnée par feu Hassan II, le hadith visait les moyens de communication permettant de rendre compte d’un fait ou de transmettre une information aux décideurs.
Le troisième axe, concernant le «changement par le cœur, qui reste le degré le plus faible de la foi», a été expliqué par feu Hassan II en plaçant les choses dans leur contexte, à l’époque du Prophète Mohammed. Ainsi, avait souligné Hassan II, le hadith appelle à agir en donnant l’exemple par ses comportements, par une conduite irréprochable, conforme à la morale générale et aux lois en vigueur.
Avec sa rhétorique, son éloquence et son verbe légendaires, le roi Hassan II avait impressionné les oulémas d’ici et d’ailleurs . Presque douze ans plus tard, en août 1978, il prendra encore la parole pour expliquer, cette fois, un verset coranique, lors d'une nouvelle causerie religieuse: «La connaissance de l’Heure du Jugement relève uniquement du Seigneur qui fait tomber la pluie salvatrice, et qui sait ce qu’il y a dans les matrices. Et nulle âme ne sait ce que réserve l’avenir, et nulle âme ne sait en quel endroit elle devra mourir. Dieu seul est Omniscient et parfaitement informé».
Dans son intervention, Hassan II avait pertinemment expliqué cette «heure du Jugement» en évoquant tous les rendez-vous qui la précédent sur terre, «heure sociale», «heure éthique». En plus de ces deux causeries religieuses hautement animées par feu Hassan II, l’hebdomadaire Al Ayyam revient aussi, bien sûr, sur les traits d'humour du défunt roi, lors de ces rendez-vous spirituels.
