Dans la première version du rapport du SG de l’ONU, soumise hier à l’approbation du Conseil de sécurité, et dont copie est parvenue à Le360, Ban Ki-moon plaide pour la restauration de la Mission de l’ONU au Sahara, MINURSO, brandissant, à l’appui de son plaidoyer, l’épouvantail du terrorisme et la menace d’instabilité dans la région.
«Les frustrations qu’il m’a été donné de constater chez les Sahraouis, couplée à l’expansion des réseaux extrémistes dans la région sahélo-saharienne, présentent des risques croissants pour la stabilité et la sécurité de tous les pays environnants», relève-t-on dans le paragraphe 88 du rapport de Ban Ki-moon.
L’inquiétude exprimée par le SG de l’ONU pour la stabilité de la région est certes fondée. Elle est même partagée par le Maroc, qui a d’ailleurs été le premier à avoir mis en garde contre le risque d’instabilité en dénonçant, ouvertement, les liaisons dangereuses entre le Polisario et les groupes terroristes infestant la région sahélo-saharienne.
Or voilà, le problème est mal posé par le SG de l’ONU. A toutes fins utiles, il faut bien noter que les mesures de rétorsion prises par le Maroc concernent uniquement la composante civile et politique de la MINURSO, sachant que les casques bleus, mandatés pour faire respecter l’accord de cessez-le-feu du 15 octobre 1991, continuent d’opérer normalement au Sahara. Il faut noter aussi que le maintien ou non de la MINURSO n’est pas garant de la stabilité dans ladite région sahélo-saharienne. Le risque n’est pas là où Ban Ki-moon croit le voir.
Alors, parlons clair, parlons vrai! Le danger d’instabilité est incarné par le Polisario qui, au-delà de ses accointances avérées avec différents groupes terroristes et les mafias de trafic d’armes et de drogue, offre un terreau propice à l’extrémisme, évoqué de manière subliminale dans le paragraphe 88 du rapport de Ban Ki-moon, quand il parle de «frustrations constatées chez les Sahraouis», notamment les jeunes de Tindouf qui, en désespoir de cause, sont devenus une proie facile pour les terroristes, dont le sanguinaire d’origine algérienne Mokhtar Belmokhtar, à l’origine des prises d’otages les plus spectaculaires (Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, et même en Algérie, à In Amenas, en 2013).
Voilà le fond du problème que Ban Ki-moon a pris le soin d’esquiver, au détriment du devoir de vérité qu’il devrait faire sien.
Par ailleurs, Ban Ki-moon a recommandé dans son nouveau rapport de reconduire le mandat de la MINURSO pour une année supplémentaire (jusqu’à avril 2017). Seulement voilà, il subsiste une zone d’ombre sur le mandat de cette mission dite pour l’organisation d’un «référendum d’autodétermination» (MINURSO). C’est là que le bât blesse. Le concept d’autodétermination a été détourné par le Polisario en lui assignant un sens unique et inique: «l’indépendance».
D’où la nécessité de redéfinir le concept d’«autodétermination», qui n’impliquerait pas forcément l’option «indépendantiste» prônée par la partie adverse.
Sur ce registre, il faut souligner que c’est la première fois que Ban Ki-moon relaie cette exigence de redéfinir la nature et le sens de l’autodétermination, interprétée de manière biaisée par le front algéro-séparatiste.
Sur la question des Droits de l’Homme, il faut aussi souligner qu’aucune mention d’une extension du mandat de la MINURSO au monitoring des Droits de l’Homme n’a été faite. Le SG de l’ONU s’est limité à appeler les parties à coopérer davantage avec les mécanismes onusiens avec, à leur tête, le Conseil des Droits de l’Homme (CDH). A cet effet, le SG de l’ONU s’est félicité du rôle du Conseil national des Droits de l’Homme (CNDH), à travers ses antennes à Dakhla et Laâyoune, dans la promotion de la question humanitaire dans les provinces sahariennes.
Il est à signaler que la mouture du rapport du SG de l’ONU n’est pas définitive. Elle peut encore recevoir des amendements ou ajustements en fonction des réactions des parties concernées.