Le rapport de la Cour des comptes, rendu public et dressant le bilan des activités de contrôle des organismes publics durant les années 2016 et 2017, comprend deux volumes: le premier concerne les activités de la Cour des comptes, tandis que le deuxième, présenté en treize livres, traite des travaux des Cours régionales des comptes. Moult dysfonctionnements sont mis à nu par l’institution de contrôle et d’audit, présidée par Driss Jettou. Ce rapport, déjà présenté au roi, balise ainsi la voie pour la mise en œuvre du principe constitutionnel de corrélation entre responsabilité et reddition des comptes, font remarquer les quotidiens nationaux dans leur édition de ce mardi 28 août.
Ainsi, souligne le quotidien Akhbar Al Yaoum, ce rapport révèle que le Crédit agricole finançait des projets d’habitat et d’investissement à des taux d’intérêt de 1% et que les programmes d’habitat économique sont devenus des affaires juteuses pour les promoteurs immobiliers, sans véritables répercussions sur le secteur de l’habitat et les couches qui devaient être ciblées. En effet, les habitants des bidonvilles et les familles croupissant sous des toits menaçant ruine sont les dernier à bénéficier de l’habitat économique, pourtant censé résoudre leurs problèmes de logement.De même, note le quotidien, la vision 2020 du tourisme ne serait que vain vocabulaire. Cette vision a été lancée sans aucun diagnostic de la précédente, soit celle de 2010.
Concernant le département de l’Economie et des Finances, le rapport met en exergue les défaillances qui caractérisaient les opérations de bons de trésor et leur marché des adjudications. Un point noir qui constituerait le talon d’Achille de l’ancien ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Bousaid. Ce dernier cas a aussi été soulevé par le quotidien Assabah qui parle de manœuvres avec les bons de trésor. A ce propos, souligne le quotidien, une note à caractère d’urgence avait été jointe au rapport de la Cour des comptes à propos du manque de transparence dans la passation des marchés publics. Le secteur de la Santé tient également une place importante dans le rapport de Driss Jettou qui relève des défaillances à la pelle, renvoyant une triste image du secteur. Le rapport épingle le département de la Santé sur les questions de la gouvernance, des services de soins, de la propreté et de la gestion administrative, en plus des dysfonctionnements du RAMED. Le tableau est noir.
Au niveau des collectivités locales, le rapport révèle que les communes devaient payer pas moins de 26 milliards de dirhams dans des affaires jugées par les tribunaux du royaume contre l’Etat, dans 6.999 procès. De même, la gouvernance locale a été décortiquée par les magistrats de la Cour des comptes, plusieurs anomalies entravant la bonne marche du système de la gouvernance locale et l’application de la politique de proximité ayant été relevées.
La gestion du fonds d’appui à la cohésion sociale a également été mise sur la sellette, notamment à cause de l’absence de suivi et des dysfonctionnements dans les programmes lancés pour, notamment, insuffisance de financements.
Au niveau du volet social, le rapport de Jettou s’est arrêté sur la précarité des pensions et l’abondance des indemnités. Il faut dire que le rapport de la Cour des comptes concernant les deux années 2016 et 2017 a bien mis à nu les dysfonctionnements qui émaillent la gestion des organismes publics et des collectivités locales. Un bon pas est ainsi franchi pour la mise en œuvre effective du principe constitutionnel de corrélation entre responsabilité et reddition des comptes. La rentrée s’annonce chaude et cadre bien avec la teneur des derniers discours du roi Mohammed VI.