Deux éléments majeurs dans le nouveau rapport du SG de l’ONU retiennent l’attention des principaux titres de la presse nationale paraissant ce lundi 13 avril. D’un côté, l’impasse faite par Ban Ki-Moon sur la revendication d’élargissement du mandat de la Minurso au contrôle des Droits de l’Homme. De l’autre, l’appel lancé pour le recensement de la population sahraouie séquestrée. «Le rapport de Ban Ki-Moon sur le Sahara ne fait aucune mention de l’élargissement des attributions de la Minurso», titre Akhbar Al Yaoum, en soulignant que le SG de l’ONU a honoré ses engagements envers le roi Mohammed VI lors de leur mémorable conversation téléphonique, le 22 janvier. Par ricochet, relève le quotidien, Alger, partie prenante au conflit, est «mécontente» que sa revendication, enfin celle qu’elle prête faussement au Polisario, d’élargir le mandat de la Minurso au monitoring des Droits de l’Homme, soit restée lettre morte.
La mise en garde royale contre toute instrumentalisation politique de la question des Droits de l’Homme au Sahara n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Dans son rapport 2015, dont Le360 détient copie, Ban Ki-Moon a clairement indiqué que l’ONU avait besoin de mettre en place «une approche neutre et objective» de la question des Droits de l’Homme. Une clarification qui dénote une remarquable lucidité envers les manœuvres dilatoires orchestrées par l’autre partie dans le dessein de dévier de sa trajectoire un processus politique, lancé sur la base de l’offre marocaine d’autonomie en tant qu’issue au conflit créé autour du Sahara, pour le confiner dans des joutes interminables et, de surcroît, inefficaces sur des questions aux connotations droits-de-l’hommiste.
Faux alibis, vrais enjeux
En admettant la nécessité d’une nouvelle approche basée sur «la neutralité » et «l’objectivité» de la question des Droits de l’Homme, le SG de l’ONU reconnaît de facto qu’il y a eu des errements à la faveur d’une propagande séparatiste qui ne lésine sur aucun moyen pour donner le change au monde au sujet de «violations» somme toutes imaginaires au Sahara. Bien sûr, le Polisario, autant que son sponsor algérien officiel, sont mal placés pour parler des Droits de l’Homme. Si le dromadaire pouvait voir sa bosse, il en rougirait de honte... En revendiquant «l’élargissement du mandat de la Minurso au contrôle des Droits de l’Homme», la partie ennemie voulait, en vérité, porter atteinte au principe sacré de la souveraineté du Maroc sur son Sahara.
Peine perdue! «Ban Ki-Moon rend justice au Maroc et ignore les manœuvres de l’Algérie et de l’Union africaine », titre Al Ahdate al-Maghribia. «Une nouvelle manche de la guerre diplomatique entre parties au conflit remportée par le Maroc à l’ONU», fait valoir le quotidien, en insistant sur le pied de nez fait par l’ONU à Alger sur le registre «humanitaire» et la reconnaissance par son SG du danger que présente le maintien du statu quo voulu par la partie adverse, dans une région sahélo-saharienne minée par le terrorisme et les trafics de toutes sortes.
Vol d’aide humanitaire, le remède
«Une première! Le recensement de la population de Tindouf sur la table du Conseil de sécurité», angle Al Massae, en référence au nouveau rapport de Ban Ki-Moon. «Première», enfin, pas tout à fait! Ce n’est pas la première fois que l’ONU appelle au recensement des séquestrés de Tindouf, c’est plutôt le refus d’Alger qui a nécessité cette énième clarification onusienne. Si nouveauté il y a, c’est à coup sûr dans le ton inhabituellement accentué et la clarté avec laquelle l’ONU fait cette piqûre de rappel. Et pour cela, il y a bel et bien une raison. Le scandale du détournement de l'aide humanitaire, dévoilé dernièrement par l’Office européen de lutte contre la fraude (OLF). Un gros pavé jeté dans la mare des parvenus du Polisario, voire de l’Algérie, épinglés dans ce trafic infâmant de l’aide octroyée par l’Union européenne à la population séquestrée de Tindouf. En clair, si Alger refuse de donner le feu vert à un tel recensement, c’est par crainte d’être percée à nu pour avoir gonflé le nombre des séquestrés, qu’elle chiffre à 200.000, alors qu’ils se situent autour de 90.000 seulement ! Un surplus de 110.000 bouches (imaginaires) à «nourrir» ! Une véritable escroquerie à l’aide humanitaire qui a permis à ses auteurs, à Rabouni comme à Alger, de se payer des villas luxueuses à Marbella, en Espagne, sur les ruines d’une population séquestrée, affamée et privée des droits les plus élémentaires pour assurer sa vie. Sa survie.