Le ministère chargé de la fonction publique s’apprête à rendre publique une étude qu’il a réalisée sur le rendement des fonctionnaires, tous niveaux confondus. Elle risque de révéler des surprises. D’après l’étude, nos fonctionnaires sont, en effet, tous notés entre «très bons» et «excellents». La moyenne des notes obtenues, entre 2012 et 2016, par les fonctionnaires dans l'ensemble des administrations et établissements publics, est de 18,50 sur 20. Un exploit. Autrement dit, le Maroc dispose des meilleurs fonctionnaires du monde.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, qui a pu avoir accès aux premiers éléments de cette étude, parle, quant à lui, dans son édition du jeudi 4 avril, d’un «scandale dans la fonction publique». Et pour cause. Ces résultats ne reflètent en rien la réalité de la fonction publique et questionne surtout les normes adoptées par le ministère pour évaluer les fonctionnaires. Les résultats de l’étude contredisent, qui plus est, ceux des autres études réalisées par des institutions publiques, dont la Cour des comptes qui parle, en se référant à la fonction publique, d’une «machine délabrée, enrouillée et caduque».
Un avis que ne partagent certainement pas les responsables du département du socialiste Mohamed Benabdelakder. Bref, d’après son étude, les meilleurs fonctionnaires du Maroc, c’est au ministère chargé des MRE et de la Migration qu’on les retrouve. Ces derniers ont obtenu, au terme de leur évaluation, la plus haute moyenne, soit 19,80. Ils sont suivis de très près par leurs confrères du ministère chargé des relations avec le Parlement qui ont obtenu, eux, une moyenne de 19,77. Les fonctionnaires du secrétariat d’Etat chargé de la formation professionnelle les talonnent avec une moyenne de 19,67/20.
Par corps administratifs, les enseignements sont, sans conteste, les mieux notés puisqu’ils ont obtenu une moyenne de 19,71. Les secrétaires-greffiers suivent avec une moyenne de 19,58, alors que les administrateurs relevant du ministère de l’Intérieur ont obtenu une note moyenne de 19,26. Les «cancres» de notre administration se comptent parmi les adjoints techniques qui n’ont obtenu que 18,11/20 comme moyenne.
«Des notes choquantes», commente le quotidien qui reconnaît toutefois que certains fonctionnaires peuvent effectivement obtenir ce genre de moyennes. Mais les généraliser à tout le monde revient à contredire la même étude qui conclut tout de même à «la nécessité de revoir le régime de notation comme mode d’évaluation des fonctionnaires». C’est un mécanisme, poursuit le journal, jugé comme «non-objectif et capricieux, pour ne pas dire complice et irresponsable». Un mécanisme, ajoute le quotidien, «qui tue les compétences» et qui est très en retard par rapport aux systèmes modernes d’évaluation.
Par ailleurs, souligne Al Ahdath Al Maghribia, aussi bien les fonctionnaires que les responsables de gestion de ressources humaines se disent insatisfaits du régime de notation et d’évaluation en vigueur dans la fonction publique. C’est un système qui s’est révélé inefficace, qu’il s’agisse de la promotion des fonctionnaires ou de la détermination des montants des indemnités et des gratifications qui leur sont accordées.