Hamid Chabat serait un maître-chanteur. Lors du Conseil de gouvernement, tenu jeudi, le ministre de l'Intérieur, Mohamed Hassad, a fait une évaluation des dernières élections. Et devant des ministres ahuris, il a affirmé que Hamid Chabat a approché son département pour lui demander de faire pression sur le RNI. Comment? Chabat a demandé à ce que l’Etat intervienne auprès du Rassemblement national des indépendants (RNI) pour que ce parti retire ses votes en faveur du candidat du Mouvement populaire, Mohand Laenser et les donne à Chabat pour la présidence du Conseil de la région de Fès-Meknès, révèle à Le360 une source gouvernementale, sous couvert de l’anonymat.
Chabat a précisé, ajoute notre source, que si le ministère de l'Intérieur ne donnait pas suite à sa requête, il allait donner ses orientations aux militants de son parti pour voter en faveur du PJD. Cette offre suintant le chantage a été évidemment rejetée par le ministère de l’Intérieur. l’Etat étant tenu par une obligation de neutralité et, de ce fait, ne saurait favoriser un parti au détriment d'un autre.
On comprend dès lors mieux les motivations qui ont poussé le SG du Parti de l’Istiqlal, Hamid Chabat, à renier ses engagements vis-à-vis de ses collègues de l’opposition pour s’allier avec un parti de la majorité, qu’il n’a d'ailleurs eu cesse de désigner d'un doigt accusateur.
Petit rappel des faits: à la veille de l’élection des présidents des Conseils de régions, lundi dernier, une source istiqlalienne révélait à Le360 que Hamid Chabat avait retiré sa candidature à la présidence du Conseil de la région de Fès et décidé le retrait même de son Parti des rangs de l’opposition pour s’allier avec un parti qu’il a toujours "diabolisé", en l’occurrence le Parti Justice et Développement, PJD.Et, comme pour donner à cette décision un vernis de «légitimité», une réunion du Comité exécutif du PI avait été convoquée en urgence dans la nuit de dimanche à lundi derniers. Sauf que, dans cette précipitation, elle n’avait pas réuni le quorum requis, comme l’a affirmé à Le360 un membre du parti de la Balance.
«Les décisions ont donc été prises par cinq membres (Chabat inclus) seulement du Bureau politique qui s’est réuni suite à la convocation urgente du SG de l'Istiqlal», a précisé notre source. Or, il fallait la présence d’au-moins treize des vingt-six membres du Comité exécutif pour obtenir le quorum. C'est cette absence du nombre minimum de membres dudit Comité qui explique que la décision de voter en faveur de la coalition gouvernementale n'a pas fait l'objet d'un communiqué du parti de l'Istiqlal.
De plus, le Comité exécutif du parti n'est pas autorisé à prendre des décisions selon le règlement intérieur du PI, mais d'appliquer les orientations du Conseil national qui tient lieu de Parlement du PI et qui rassemble plus de 100 membres. "Cette décision est caduque et n'engage que Chabat", tranche la source du PI. Avec la révélation de ce chantage, il est clair que les jours de Chabat sont désormais comptés à la tête de l'Istiqlal. Il lui sera très difficile de se refaire une virginité ailleurs.