Ce n’est un secret pour personne: le PJD connaît actuellement d’interminables tiraillements et une série de dissensions. Ses problèmes internes se sont accentués avec la récente reprise des relations entre le Maroc et l’Etat d’Israël. A tel point qu’il a été nécessaire d’organiser une réunion extraordinaire de son conseil national pour éviter l’implosion du parti. Mais, pour son secrétaire général, Saâd-Eddine El Othmani, qui vient d’accorder un entretien à l’hebdomadaire Al Ayyam, il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour le parti. Le PJD, dit-il, est un parti «vivant et démocratique» et c’est normal qu’il connaisse des divergences d’opinion. Ces différends finissent toujours par être dissipés par l’usage systématique des mécanismes démocratiques.
Les récentes démissions annoncées à corps et cri dans le parti ? Il n’en est rien. D’après le secrétaire général, le maire de Casablanca, Abdelaziz El Omari, a bien annoncé sa démission du secrétariat général, mais pas du parti. Elle n’a pas été acceptée et il continue toujours à faire partie de cette instance et à y assumer ses fonctions. Quant au député El Moqrie El Idrissi Abou Zaid, il n’a jamais démissionné. Il est toujours membre du PJD. D’ailleurs le parti ne compte pas s’en séparer. Pour les militants qui ont effectivement quitté le parti, le patron du PJD affirme qu’ils sont libres de rester ou partir, tout en minimisant l’impact de ces départs.
Interrogé sur ses rapports, plutôt froids de l’avis de tout le monde, avec son prédécesseur, El Othmani a éludé la question. Dans les relations humaines, a-t-il affirmé, il déteste les ruptures. De plus, d’après lui, ce qu’il a de commun avec Abdelilah Benkirane est bien plus important que leurs différends. En d’autres termes, ils peuvent être en désaccord sur certains points, mais, dans l’ensemble, leurs positions se rejoignent. Bien sûr, le patron du parti islamiste n’a pas manqué de mettre en avant les rapports fraternels qui unissent tous ses membres.
La question de la reprise des relations maroco-israéliennes a largement été commentée par le chef du parti islamiste lors de cet entretien. En gros, le parti n’a jamais changé de position sur la question. Cependant, insiste El Othmani, le plus important est d’être engagés derrière le Roi pour défendre les intérêts de la Nation, quelles que soient les circonstances. Interrogé sur un éventuel retard dans l’ouverture des bureaux de représentation de chacun des deux pays dans l’autre, sachant que le ministre des Affaires étrangères avait parlé d’un délai de deux semaines, le chef du gouvernement s’est limité à affirmer qu’il n’a rien à voir avec les mesures opérationnelles liées à ce sujet.
Pour revenir à la politique intérieure, d’aucun auront certainement remarqué que la scène politique est étrangement calme, alors que quelques mois nous séparent des élections. C’est tout simplement, estime El Othmani, que les derniers mois ont connu des événements historiques. Il y a eu, d’abord, ce tournant dans la question de l’intégrité territoriale du Royaume avec la reconnaissance par les Etats-Unis de la marocanité du Sahara. Ensuite, l’évolution de la pandémie, les démarches liées à la sécurisation des doses du vaccin nécessaires au lancement de la campagne de vaccination et le démarrage de cette campagne.
Cela dit, poursuit le chef du gouvernement, pour ce qui est de la préparation des élections, il faut souligner que le scrutin aura lieu en son temps, bien que la mise à jour du cadre légal n’a pas encore été entamée. Le processus de réforme des lois électorales en est encore au stade de la concertation entre le gouvernement et les chefs de partis politiques. Ces concertations sont, pour le moment, à l’arrêt. Le gouvernement interviendra, une fois cette phase bouclée, pour préparer les projets de loi qui seront déposés au Parlement.
Dans cette interview d’Al Ayyam, le chef du gouvernement a également largement commenté la manière dont le Maroc a géré la pandémie du coronavirus. El Othmani a évoqué la baisse actuelle du nombre de contaminations et de décès ainsi que la tendance positive des autres indicateurs de la santé publique. Tout en affirmant qu’il suit de près la situation, il a également parlé du rôle déterminant de la commission scientifique et du choix pertinent que le Maroc a fait pour les deux vaccins adoptés pour sa campagne de vaccination.