À peine bouclée la difficile étape de l’élaboration de l’architecture du futur gouvernement, voilà que Saâd Eddine El Othmani bute déjà sur un os. Telle qu’elle l’a proposée à ses alliés, cette architecture prévoit, en effet, non seulement la répartition des ministères entre les partis, mais également la proposition d’un candidat pour chaque département.
Ses partenaires de la majorité, notamment l’USFP, rejettent quant à eux cette démarche. L’USFP refuse ainsi que les portefeuilles ministériels soient nominatifs. Les amis de Driss Lachgar préfèrent que le chef du gouvernement répartisse les portefeuilles entre les partis et c’est à ces derniers de désigner, à leur guise, qui vont-ils donc proposer à leur tête.
A l’origine de cette nouvelle discorde: le département de la Santé, rapporte le quotidien Assabah dans sa livraison du jeudi 26 septembre. Le PJD souhaiterait, explique le quotidien, que le portefeuille soit confié à l’ancienne députée socialiste Hansae Abouzaid, pour éventuellement compenser le départ de Rkia Darham, secrétaire d’Etat auprès du ministre du Commerce et de l’industrie.
Le département de la Santé a également été évoqué, le week-end dernier, par le RNI, sans pour autant manifester une quelconque intention de le ravir à une autre formation de la majorité. Le président de ce parti, Aziz Akhannouch, s’est en effet contenté de rappeler que le RNI allait présenter un programme constructif pour améliorer la situation du secteur. Un programme à l’élaboration duquel contribuent les professionnels de la santé qui sont au fait des difficultés et des problématiques que connaît le domaine de la santé au Maroc. Ce programme sera d'ailleurs présenté à l’occasion des élections de 2021, précise le RNI.
Sur un tout autre registre, le quotidien, qui cite des sources bien informées, affirme que les rapports entre le chef du gouvernement et les chefs des partis de sa coalition qui forme la majorité au gouvernement ne sont pas au beau fixe.
Entre les deux parties, croit savoir le journal, règne, en effet, un climat de suspicion et de manque de confiance. Bien plus, le différend entre le chef du gouvernement et ses alliés prend une dimension tactique. Il porte sur la répartition des postes de responsabilité et non sur une divergence d’opinions ou de programmes.
Par ailleurs, citant le politologue Rachid Lazrak, Assabah affirme en outre que le chef du gouvernement essaie de tirer avantage de la charge royale dont il a été investi pour sortir de cette expérience gouvernementale avec le moins de dégâts possible, tout particulièrement pour son parti.
Ainsi, tout en essayant d’épuiser ses alliés, il veut montrer que son parti, le PJD, n’est pas encore fini. C’est donc pour cela, poursuit cet analyste politique, qu’en se prévalant de sa communication préalable avec le Cabinet royal, le chef du gouvernement tente de mettre ses partenaires dos au mur. Une stratégie qui risque de retarder encore plus l’avènement de ce gouvernement remanié.