Les femmes veulent leur part du gâteau lors du prochain remaniement ministériel. Un «front féminin» est en effet en train de prendre forme pour que les femmes puissent figurer en nombre, en tant que ministres, dans la prochaine équipe gouvernementale. Ce front est composé de militantes de partis politiques, de membres de centrales syndicales, de militantes associatives et des droits de l’Homme ainsi que de technocrates, rapporte le quotidien Assabah dans sa livraison du week-end des 17 et 18 août.
Des sources citées par le quotidien affirment que les femmes en question s’apprêtent à donner corps, à compter du mois prochain, à un groupe de pression pour livrer une bataille contre les chefs de file de la majorité et les notables des partis politiques qui ont une emprise sur la configuration de la prochaine équipe gouvernementale. Pour ce faire, souligne le journal, elles comptent laisser de côté, pour le moment, leurs divergences politiques et idéologiques. Leur objectif étant de ne plus faire figure de «cinquième roue» du carrosse dans le prochain Exécutif.
D’après le quotidien, elles n’accepteront plus de postes de secrétaire d’Etat sans attributions qui les rendent «faibles» et «incompétentes» face aux hommes qui dirigent les départements ministériels dont elles dépendent. Ces derniers, souligne Assabah, n’hésitent pas à émettre des décrets qui les confinent à un rang de figuration. Le cas de Charafat Afailal en est un parfait exemple, rappelle le quotidien. L’ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’eau, ministre déléguée dans le gouvernement Benkirane, a en effet été «sacrifiée» sous pression de son ministre de tutelle, Abdelkader Amara.
Les femmes arrivent donc en force pour mettre fin à la monopolisation des postes ministériels par les dirigeants des partis politiques et les notables qui s’y relaient depuis le gouvernement d’Abderrahmane Youssoufi. Cependant, pour s’imposer, ces femmes doivent d’abord en finir avec cette image négative qui fait d’elles des secrétaires d’Etat «incompétentes», alors qu’elles évoluent sans véritables attributions. Sept femmes secrétaires d’Etat ont d’ailleurs du faire face à cette réalité, non sans succès, note le quotidien.
Concrètement, elles comptent adresser des mémorandums «en haut lieu» pour exiger ce qui leur revient de droit. D’autant que la femme marocaine a fait ses preuves dans les grandes administrations et les établissements publics. Mais en fin de compte, ce sont toujours les proches des chefs de partis politiques et des patrons des syndicats qui sont nommés dans ces administrations et établissements dans le cadre de la loi relative à la nomination aux hautes fonctions. Elles mènent aussi ce combat pour pouvoir à leur tour proposer leurs censeurs à la direction des administrations et des établissements publics.