Depuis sa prise de fonction, le gouvernement El Othmani a échoué dans sa politique, notamment sur le volet social. Il n’a en effet rien pu faire pour les catégories les plus défavorisées. Aujourd’hui, l’Exécutif devra résoudre une équation difficile qui consiste à calquer les instructions royales sur la loi des finances 2019 et à les mettre en pratique dès l’approbation du budget à la fin de l’année en cours. Ce qui n’est pas une sinécure quand on connaît la forte demande sociale face à la faible offre budgétaire.
Le gouvernement est donc acculé à trouver les solutions adéquates pour combler le déficit social, à l’origine de plusieurs manifestations, dont les plus fortes furent celles du Rif et de Jerada. Le chômage, qui a connu des records dans toutes les régions du royaume selon les statistiques du Haut commissariat au plan, est le dénominateur commun de tous ces problèmes.
Notre confrère Al Ahdath Al Maghribia précise dans son édition du vendredi 17 août que Saad-Eddine El Othmani a hérité de son prédécesseur Benkirane d’autres problèmes tout aussi aigus. Il cite notamment les situations de crise dans les secteurs de la santé, de l’enseignement avec les grèves des médecins, des infirmiers et des enseignants contractuels. Sans oublier ses rapports tendus avec les centrales syndicales qui ont fini par suspendre le dialogue social.
Tous ces indicateurs, qui risquent de menacer la paix sociale, ont constitué les fondements du discours du trône. Dans ce discours, le roi Mohammed VI demandait au gouvernement de revoir ses priorités en tenant compte de ses engagements sociaux. La lettre d’orientation de la loi des finances demande justement aux ministres de tenir compte des instructions royales dans l’élaboration de leurs budgets sectoriels. Ce document insiste, par ailleurs, sur l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens, l’accélération du dialogue social, la poursuite de la réalisation des grands chantiers, l’aide à l’investissement et à l’entreprise tout en préservant les équilibres économiques.
L’expert en droit constitutionnel et spécialiste des affaires parlementaires, Rachid Lazrak, estime que la réussite du challenge du gouvernement repose sur les compétences de ses cadres et leur capacité à relever le défi. Pour ce faire, ils devront, ajoute-t-il, évaluer les besoins financiers des secteurs sociaux et élaborer des visions et des stratégies pour réaliser le nouveau modèle de développement préconisé par le roi Mohammed VI.
Rappelons que le souverain avait appelé, dans le discours du trône, à procéder à la restructuration profonde des programmes et des politiques nationaux dans le domaine de l’aide et de la protection sociale. Laquelle restructuration devra atteindre les objectifs escomptés au niveau du ciblage efficace des catégories sociales ayant droit à l’aide.
De son côté, le quotidien Al Akhbar s’est, dans son édition du vendredi 17 août, concentré sur le volet économique de la lettre d’orientation. Le gouvernement a revu à la baisse ses prévisions sur l’évolution de la croissance et du déficit budgétaire qui atteindront respectivement 3,2% et 3% en 2019. Il y fait mention, aussi, de l’achèvement du chantier de la régionalisation avancée et de la mise œuvre de la décentralisation administrative en élaborant une charte dans ce sens dans un délai qui ne dépasse pas le mois d’octobre. Le chef du gouvernement compte booster la réforme de l’administration, activer la stratégie nationale de lutte contre la corruption, continuer à réformer les systèmes de retraite et de la fiscalité.
En outre, Saad-Eddine El Othmani démontre à travers cette circulaire qu’il compte mener une politique d’austérité au niveau du fonctionnement des ministères. C’est ainsi qu’il a insisté sur la rationalisation des dépenses des fonctionnaires, des achats de matériel, des locations de voiture et la réduction de la consommation excessive de l’eau.