La militante sahraouie Fatimatou El Mehdi Breica a révélé comment son frère Hafdallah El Mehdi Breika avait été enlevé par les milices armées du Polisario. Un enlèvement qui survient quelques jours après le kidnapping de son deuxième frère, le blogueur et militant des droits de l’Homme, Fadel Breica. Fatimatou a affirmé que ces enlèvements avaient été ordonnés par ce qu’on appelle le “ministère de l’Intérieur” du Polisario. Une façon, poursuit-elle, de faire pression sur elle et sur sa famille pour qu’ils cessent de demander à connaître le sort de leur fils incarcéré.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mercredi 17 juillet, que la militante sahraouie a indiqué que le Polisario essayait de détourner l’attention sur les véritables raisons de l’arrestation de son frère. Les milices armées l’accusent d’être impliqué, avec des éléments de la douane, dans des activités illicites de trafic. Une tentative vaine, ajoute Fatimatou, de camoufler l’opposition de ses frères et de sa famille aux agissements de la direction du Polisario dans les camps de Tindouf.
La militante sahraouie souligne que les séparatistes armées sont incapables de lutter contre la corruption et les malversations qui sévissent dans les camps. Pis encore, ajoute-elle, le Polisario affiche un laxisme complice face aux éléments des bandes criminelles organisées et demeure indifférent à la situation socioéconomique dramatique dans laquelle vivent les habitants des camps.
Il faut rappeler que ces enlèvements et détentions arbitraires ont commencé il y a un mois avec les arrestations de trois Sahraouis, en l’occurrence Moulay Abba Bouzid, Fadel Mohamed Breica et Mahmoud Zeidan, leur crime étant d’être des militants des droits de l’Homme qui condamnent la répression et dénoncent les conditions dramatiques et inhumaines dans les camps de la honte.
Cette vague d’enlèvements des opposants a poussé l’association sahraouie pour la défense des droits de l’Homme (ASADEDH) à condamner vivement ces disparitions forcées: « Nous condamnons cette spirale de répression menée contre les blogueurs et les opposants au Polisario qui tente de faire taire les voix divergentes». Face au soulèvement des séquestrés des camps de Tindouf et à la réaction des ONG, Human Rights Watch (HRW) a fini par réagir pour dénoncer ces détentions arbitraires par le Polisario, tout en demandant la libération des détenus d’opinion. Bien plus, HRW a directement mis en cause l’Algérie dans ces répressions en l’interpellant sans ménagement: «L’Algérie ne peut pas sous-traiter la protection des droits humains sur son territoire, et fermer les yeux quand le Polisario les viole».