La fin d’une session parlementaire est toujours l’occasion de faire le bilan de l’action législative durant les quatre mois écoulés. Il est souvent question de textes de loi stratégiques, de réformes d’envergure ou tout simplement de débats parlementaires plus ou moins de haute facture. Cette fois, ce n’est pas le cas. La seule question qui a accaparé l’opinion publique et focalisé l’intérêt des parlementaires, députés et conseillers réunis, c’est le sort de la retraite de ces derniers, commente l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du vendredi 12 février.
Selon l’hebdomadaire, c’est un sujet qui mobilise l’opinion publique depuis des mois. Le régime de retraite des députés, en déficit depuis 2017, est définitivement abandonné. Celui des conseillers parlementaires est en passe de connaître le même sort. Et si l’acte est unanimement salué, la manière, elle, est contestée.
Concrètement, il a été question de liquidation, via deux propositions de loi, des régimes de retraite des deux Chambres du Parlement. La question a enflammé les réseaux sociaux, certains députés se sont pris au jeu du buzz, le PAM a tenté une récupération politique et le PJD s’est encore trahi. Les élus islamistes ont laissé leur discours sur les valeurs de côté et ont accepté d’empocher les produits de placement de leurs cotisations, produit financier pourtant considéré par l’idéologie de leur parti comme «haram».
Finalement, la proposition de loi relative à la liquidation du régime de retraite des députés a été votée à quelques heures de la clôture de la session à la Chambre des conseillers ouvrant la voie à sa mise en œuvre. Ces derniers ont également adopté une autre proposition portant cette fois sur leur propre caisse de retraite hautement plus controversée que la première. Ainsi, explique l’hebdomadaire, contrairement aux députés qui ont décidé de récupérer uniquement leurs cotisations, les conseillers ont voulu mettre la main sur toute la caisse.
En d’autres termes, ils veulent empocher leurs cotisations, la contribution versée par l’Etat et le produit de placement des réserves de la caisse de retraite gérée par la CNRA, une filiale de la CDG. Dans le rapport de la commission des finances de la deuxième Chambre, sur la base duquel le texte a été voté, il est bien spécifié que «les réserves accumulées par leur régime de retraite est propriété exclusive des parlementaires».
Ce que nombre de leurs collègues à la première Chambre, au même titre que l’opinion publique, jugent scandaleux. Arrivée chez les députés au niveau de la commission des finances, la proposition de loi a été gelée. Son vote a, en effet, été reporté sine die, précise l’hebdomadaire.
Selon les derniers rebondissements de ce feuilleton, le PAM chercherait à faire tomber également la proposition de loi relative à la retraite des députés qui, elle, a bien été adoptée. Pour cela, le parti cherche à réunir le nombre de signatures nécessaires pour introduire un recours auprès de la Cour constitutionnelle.
Autre problématique, note La Vie éco, si, pour les conseillers, la caisse de retraite est excédentaire, le nombre de sièges de la Chambre étant passé de 270 à seulement 120, ce n’est pas le cas pour les députés. Le nombre de sièges de la première Chambre a augmenté pour passer de 325 à 395. Ainsi, ce qui reste dans les caisses couvre à peine 70% des cotisations versées par les députés et qu’ils veulent récupérer. On lorgne donc du côté de l’Etat pour mettre la main dans la poche.