Après l’augmentation des prélèvements sur les salaires des fonctionnaires, depuis janvier 2019, Saâd-Eddine El Othmani a déclaré, mardi dernier, devant la Chambre des conseillers, que le gouvernement avait entamé des concertations sur la réforme globale du système de retraite. Cette initiative du chef du gouvernement survient après la publication du rapport de L'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS), qui révèle que le danger de la faillite menace les régimes de retraite au Maroc. Les caisses de retraite vivent une crise financière aiguë, malgré les réformes entreprises par le gouvernement précédent qui a augmenté le taux des ponctions sur les salaires des fonctionnaires et allongé l’âge du départ à la retraite.
Un nouveau cabinet d’études a d’ailleurs commencé la réalisation d’une étude technique pour élaborer un nouveau scénario de réforme des régimes de retraite, moyennant une rémunération de 6.840.000 dirhams. Des documents du ministère de l’Economie et des finances révèlent que, dans le cadre de la mise en œuvre de la réforme progressive du régime des pensions civiles, en 2016, l’âge de la retraite a été allongé à 61,5 ans pour l’année en cours. Il sera aussi procédé à l’augmentation des cotisations et des participations pour atteindre 14% des salaires des fonctionnaires. Le salaire de référence sur lequel se base le calcul de la pension de la retraite sera calculé sur la moyenne des revenus des derniers 72 mois de service effectif.
La Cour des comptes avait, auparavant, publié des données inquiétantes sur la menace qui pèse sur le Caisse marocaine de retraite à l’horizon 2028, malgré les réformes proposées par le gouvernement. Le rapport de la Cour des comptes indique que ces réformes, qui ne concernent que le volet civil, ne peuvent être qu’une étape dans le cadre d’une réforme globale du régime de retraite.
Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du jeudi 11 juillet, que le chef du gouvernement a longuement traité ce sujet dans le cadre de la séance mensuelle relative à la politique générale à la Chambre des conseillers. Répondant à une question centrale sur la situation des retraites, El Othmani a annoncé qu’une étude est en cours, étude à laquelle participent les quatre caisses de retraite concernées par la réforme du système de retraite, ainsi que les secteurs gouvernementaux compétents, l’objectif étant de savoir comment mettre en œuvre une réforme globale basée sur le système de la polarisation (public et privé). Le chef du gouvernement a souligné que les résultats de cette étude, qui a débuté en mars dernier, seront exploités selon une large approche participative afin d’élaborer la feuille de route d’une réforme globale du système de retraite.
Après avoir énuméré les mesures prises en faveur des retraités, El Othmani a toutefois été, à deux reprises, acculé à tempérer son optimisme, voire à s’avouer vaincu. Il a, en premier lieu, reconnu que les régimes de retraite au Maroc ne peuvent augmenter le montant minimum de la pension ou réviser les pensions à la hausse, car une telle revalorisation menacerait leurs équilibres financiers. El Othmani a, en outre, reconnu qu’il était difficile de supprimer les retraites des ministres et des parlementaires. Un sujet qui suscite une controverse au sein de la société marocaine, après le lancement d’une campagne nationale pour annuler cette retraite considérée comme une rente qui profite aux ministres et aux parlementaires, aux dépens de l’argent public.
Le chef du gouvernement a révélé qu’il avait essayé de mettre fin à la retraite des ministres. Mais il a échoué car, dit-il, cela ne dépendait pas de lui. El Othmani a lancé un appel aux parlementaires pour réviser la loi relative à la retraite des ministres dans le but de procéder à sa suppression. Quant à la pension des parlementaire, El Othmani a trouvé la parade en indiquant que la suppression de cette retraite relevait du Parlement et non pas du gouvernement.