Risques terroristes à Tindouf: le déni du MAE algérien, un grave mensonge d’État

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukaddoum. 

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukaddoum.  . DR

En affirmant avoir été informée par les autorités algériennes sur l’imminence d’attaques terroristes contre son personnel et des ressortissants espagnols à Tindouf, l’ONU apporte un démenti cinglant aux récents propos du MAE algérien, qui déniait toute forme de menace sur les camps. Décryptage.

Le 13/12/2019 à 11h43

Un mensonge d’État, certes pas le premier, mais dont la gravité est telle qu’il expose scandaleusement la vie d’autrui à un danger réel. Les faits sont d’une redoutable évidence. Pas plus tard que mercredi dernier, l’attaché de presse de la Minurso indiquait à l’agence de presse espagnole «EFE» que la mission onusienne avait pris «des mesures de précaution» suite à des alertes sur des risques d’attentats à Tindouf, qui lui ont été transmises, -il faut bien le noter-, par les autorités algériennes, après celles de l’Espagne, les premières à avoir diffusé, précisément le 28 novembre dernier, un avertissement contre l’imminence d’attaques terroristes, qui pourraient prendre la forme d’attentat à la voiture piégée ou de prise en otage de ressortissants espagnols et de membres de la Minurso, qui compte, outre une représentation à Rabouni, plusieurs teamsites aussi à l'Est du dispositif de défense marocain. 

Notez bien que l’alerte sur des attaques terroristes à Tindouf avait bel et bien été confirmée, le 2 décembre courant, par une source de sécurité algérienne non identifiée, avant d’être étrangement démentie, le même jour!, par le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Chérif. «Au sujet d’un prétendu avertissement lancé par le gouvernement algérien à la Minurso sur le risque d’enlèvement d’étrangers dans les camps de réfugiés sahraouis, colporté par des médias étrangers, dont un site électronique de droit français s'activant en Algérie, les médias ayant servi de support à la propagation de cette information fausse et infondée versent dans la manipulation et la diffusion d’informations farfelues, dans un but évident de nuire à l’Algérie, à son peuple et à ses institutions», avait réagi le porte-voix de la diplomatie algérienne. Et comme pour donner un vernis de "crédibilité" à cet incroyable déni, ce dernier est allé puiser dans lexique de la légendaire et néanmoins fumeuse théorie conspirationniste : «le timing choisi par les responsables de ces médias et leurs parrains est loin d’être fortuit, compte tenu du contexte régional, notamment la proximité de certaines échéances importantes».

Voici ce que cela donne, in fine: un déni algérien officiel de la réalité de telles menaces, mais aussi (et scandaleusement) un gros mensonge d’État, comme le confirme aujourd’hui la sortie de la Minurso, pour affirmer que les autorités algériennes, tout comme celles de l’Espagne, avaient bel et bien alerté l’ONU sur l’existence de telles menaces d’attaques terroristes contre son personnel et des humanitaires espagnols évoluant dans les camps de Tindouf. 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 13/12/2019 à 11h43