C’est sur sa page officielle Facebook que Mustapha Ramid, un des dirigeants les plus en vue du Parti de la Justice et du Développement, à la tête de la coalition gouvernementale, a préféré réagir à la salve de critiques formulées par le Rassemblement National des Indépendants contre la gestion par le gouvernement de la colère des commerçants, sur fond d’imposition (désormais suspendue) mise en place par un système de facturation électronique.
Dans une lettre ouverte adressée au président du RNI, Aziz Akhannouch, Mustapha Ramid se dit surpris par cette réaction du RNI.
"En critiquant de la sorte le gouvernement, vous donnez l’impression d’être en dehors de l’Exécutif alors que vous en êtes parties intégrante", remarque celui qui occupe le poste de ministre d’Etat en charge des Droits de l’homme.
"Mieux, vous disposez au sein de ce gouvernement de deux ministres en relation directe avec ce dossier: les Finances et l’Industrie", poursuit Ramid.
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«Si vous persistez à observer autant de recul par rapport à cette mesure, c’est que vous reniez un principe fondamental sur lequel insiste la Constitution: la relation entre la responsabilité et la reddition des comptes…», affirme-il.
Et Mustapha Ramid de préciser que, contrairement aux assertions du RNI, la Loi de finances 2014 n’a nullement introduit de disposition élargissant l’autorité des services de douane aux contrôles routiers.
«Cette autorité est établie depuis 1977. Le reste n’est qu’une tentative d’induire l’opinion publique en erreur», lance Ramid.
Cette nouvelle sortie de Mustapha Ramid n’est pas passée inaperçue. "Aziz Akhannouch ne répondra pas à cette lettre ouverte, le RNI n'a rien à se reprocher en matière de soutien aux commerçants et la rectification de la Loi de finances est une priorité, car c'est à partir de là que la solution aux problèmes des commerçants commence", déclare un dirigeant du RNI, interrogé par Le360.
"Les commerçants sont une partie de la population qu'il faut écouter et on doit être à leurs côtés", souligne par ailleurs ce responsable du RNI, tout en précisant que le parti dirigé par Aziz Akhannouch "reconnait la part de responsabilité de ses ministres. Mais le RNI a le droit de critiquer les mauvaises décisions".
"Le RNI, souligne cette même source, demande au chef du gouvernement de ne pas se contenter de geler la décision de mise en place d’un système de facturation, mais de rencontrer les commerçants et de rectifier la Loi de finances de 2019".
Saâd Eddine El Othmani est appelé à calmer les esprits de part et d'autre en corrigeant la loi des finances "par des actes, c'est à dire la suppression de cette mesure" qui préoccupe les commerçants, ajoute cette source au sein du RNI, qui informe Le360 que le bureau politique du parti va se réunir prochainement pour commenter cette sortie de Mustapha Ramid.
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La question de la mise en place d’un système de facturation électronique, qui continue de préoccuper grandement les commerçants, va d’ailleurs être soulevée une nouvelle fois par le chef du gouvernement lors de son intervention, le 11 février prochain, devant la Chambre des députés, dans le cadre de la session mensuelle liée à la politique générale du gouvernement.
Selon une source au sein du parlement, le chef du gouvernement tentera, par cette intervention devant les députés, calmer les esprits, aussi bien les commerçants que les partis politiques, toutes tendances confondues.