Une semaine, jour pour jour, après la signature de la convention d’assurance pour les agriculteurs entre SAHAM Assurance, filiale du groupe appartenant au ministre Moulay Hafid Elalamy, et deux départements ministériels (Agriculture et Finances), Abdelilah Benkirane n’a pas encore daigné s’exprimer, lui dont le parti a bâti toute sa campagne électorale de 2011 sur la lutte contre le corruption et les passe-droits.
Le chef du gouvernement et S.G du PJD n’a même pas évoqué l’affaire, qui fait couler beaucoup d’encre depuis une semaine, en réunion restreinte de son parti.
Un journal de la place, proche de son parti, lui attribue la suspension de l’application de ladite convention (une bagatelle de plus de 1 milliard DH), après un entretien avec son ministre Moulay Hafid Elalamy. Mais il n’en est rien. La décision est intervenue suite à des directives émanant d’un autre lieu.
Au Parlement, le groupe parlementaire du PJD, qui remue ciel et terre pour la moindre affaire, fait profil bas. Le tonitruant Abdellah Bouanou, chef du groupe PJD et membre de la direction du parti de la Lampe, va encore plus loin et prend la défense de SAHAM Assurance et des trois ministres concernés.
Dans des déclarations à un journal proche de son parti, il a accusé Driss Lachgar, chef de file de l’USFP, de faire de la surenchère. La raison d’une telle accusation ? Les socialistes avaient introduit une requête pour la constitution d’une commission d’enquête parlementaire.
Si jamais cette requête aboutissait, SAHAM Assurance devrait alors dévoiler toutes les conventions et marchés passés avec le secteur public, du moins depuis que M.H.E est membre du gouvernement.
Le temps d’oublier
Néanmoins, la demande d’une commission d’enquête a de minimes chances d’aboutir. Elle nécessite au moins le tiers des signatures des députés. Et là, les petits arrangements fausseront le jeu.
Le PAM demande des comptes, mais sans trop forcer les choses. A la place d’une commission d’enquête, ses députés veulent convoquer Abdelilah Benkirane et les trois ministres concernés devant la commission de contrôle des finances de l’Etat. Et même en cas d’aboutissement de cette démarche devant cette commission que préside un député PJD, elle sera presque sans conséquence pour toutes les parties.
Les autres formations politiques ne semblent nullement concernées. Il ne faut pas compter évidemment sur le RNI dont sont issus les trois ministres concernés par la convention «Taamine Al Mahsoul». Et rien non plus à espérer du Mouvement populaire, les harakis étant eux-mêmes plus soucieux de la cohésion de la majorité parlementaire pour ce qui reste du mandat du gouvernement, soit quelques mois d’ici la tenue des élections législatives, l’automne prochain.
Pendant ce temps-là, la convention a été suspendue sur décision de SAHAM Assurance en attendant que d’autres opérateurs se décident à leur tour à signer des conventions similaires avec l’Etat.
Et peut-être qu’on ne saura jamais comment on en est arrivés là: une convention signée avec une seule compagnie deux mois à peine après la promulgation du décret d’application de la loi dite trois P (Partenariat public privé) et le produit commercialisé dès le lendemain de la signature!