Adhésion quasi-unanime à l'esprit et à la lettre de la nouvelle résolution du Conseil de sécurité, adoptée, dans la soirée de mercredi 30 octobre 2019. Cette résolution, 2494, a été votée par 13 membres du Conseil; seules la Russie, premier fournisseur d'armes à l'Algérie, et l'Afrique du Sud, réputée être résolument hostile à l'intégrité territoriale du Maroc, se sont abstenues de voter. Une abstention qui ne pèse pas grand-chose au regard du large consensus qui s'est dégagé, lors du vote, autour de cette nouvelle résolution qui, -il faut bien le noter-, a pour la première fois été adoptée sans la présence d'un EPSG (Envoyé personnel du SG de l'ONU), le cas échéant Horst Köhler, qui a jeté l'éponge le 22 mai dernier, en raison de "problèmes de santé".
Que faut-il, maintenant, retenir de cette nouvelle résolution adoptée, comme souligné par les États-unis, "dans des circonstances uniques", entendez l'absence pour la première fois d'un médiateur de l'ONU dans le différend régional créé autour du Sahara? Force est de constater, d'abord, que la résolution 2494, à contrario des deux précédentes, a proprogé le mandat de la Minurso pour une année, au lieu des six mois imposés par l'ex-conseiller de Trump à la sécurité, John Bolton, réputé être "un grand ami du Polisario". "Le Conseil de sécurité décide de proroger le mandat de la Minurso jusqu'au 31 octobre 2020", peut-on en effet lire dans le texte de la résolution 2494, dont copie est parvenue à le360.
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Décryptons: la semestrialité imposée par l'ex-conseiller de Trump et néanmoins farouche partisan de la thèse algéro-polisarienne, John Bolton, est désormais balayée d'un revers de main. La finalité déclarée de cette semestrialité à laquelle s'était opposé le SG de l'ONU lui-même, était de "presser les parties" de reprendre le dialogue pour trouver une issue politique au conflit. Il n'en demeure pas moins qu'elle a servi (plutôt) le camp adverse, qui était en perte de vitesse et de soutiens vu la crise institutionnelle et politique dans laquelle s'englue son parrain algérien, en proie à des manifestations anti-régime inédites depuis le 22 février 2019.
Alger ne remerciera ainsi jamais assez l'"ami" Bolton d'avoir tendu cette perche à leur rejeton, qui en avait tant besoin pour tenter de résorber la tension sociale qui a atteint, dans les camps, leur point culminant durant l'année 2019.
L'on comprend miueux pourquoi, aussitôt après l'adoption de la résolution 2494, hier mercredi au soir, le front polisario s'est empressé de diffuser un communiqué où il menace même de "se retirer du processus de dialogue" initié par l'ex-EPSG, Horst Köhler, les 5 et 6 décembre 2018, et les 21-22 mars 2019, dans la capitale suisse, Genève. Une menace qui dénote l'extrême nervosité du front séparatiste, frustré quant à l'absence d'alternative au statu quo mortifère dans lequel il s'est lui-même enfermé en se cramponnant mordicus à l'option éculée, de surcroît impraticable, de l'aveu même de l'ONU elle-même, du "référendum d'autodétermination".
La résolution 2494 en rajoute à la frustration de ce front aux abois, sommé, encore une fois, de "s'abstenir de toute action susceptible de réfréner l'élan impulsé par l'ex-EPSG, Horst Köhler, ou de menacer la stabilité de la région". La résolution 2494 a d'ailleurs été on ne peut plus ferme à l'encontre du FP, en pointant clairement les violations des accords militaires perpétrés par ses milices dans la zone démilitarisée, en vertu de l'accord de cessez-le-feu signé le 6 septembre 1991, tout en "prenant note" de l'engagement manifesté expressément par le chef du FP à l'ex-EPSG de s'abstenir de telles actions aventureuses dans la zone tampon.
En revanche, le front polisario, autant que son mentor algérien, sont sommés de s'inscrire à nouveau dans un esprit "de bonne foi", et selon le même format des pourparlers quadriparties de Genève (Maroc, Algérie, polisario et Mauritanie), dans les efforts de recherche d'une solution politique au différend régional créé autour du sahara, sur la base du compromis et du réalisme.
La marge de manoeuvre de la partie adverse est du coup réduite au strict minimum; elle ne peut en aucun cas déborder du périmètre d'action défini clairement par l'instance décisive de l'ONU, soit le processus politique de Genève.
Or voilà, la seule alternative "sérieuse" et "crédible" se trouvant sur la table des discussions demeure l'offre d'autonomie présentée par le Maroc le 11 avril 2007, à la base même du lancement des négociations. Il n'est ainsi pas fortuit que l'initiative marocaine pour l'octroi d'un statut d'autonomie au Sahara soit encore une fois saluée dans la résolution 2494; que cette même résolution insiste sur la nécessité d'une issue politique "réaliste, pratique et mutuellement acceptable" au contentieux régional autour du Sahara, considéré par le CS comme étant un obstacle à la construction maghrébine et un frein au développement de la région. "Le règlement du conflit du Sahara occidental va aider à relancer la coopération entre les pays du Maghreb", souligne le Conseil de sécurité, évoquant les opportunités prometteuses qu'une telle issue politique offre aux peuples de la région, en termes d'emploi, de croissance et de prospérité.
Un appel à faire preuve de pragmatisme qui s'inscrit en porte-à-faux avec la thèse "indépendantiste" utopique à laquelle le front polisario, avec son parrain algérien, continuent de s'accrocher inutilement. Il n'est ainsi pas anodin que l'option "référendaire" n'a été citée qu'une seule fois dans la résoluton 2494, que cette même résolution insiste, maintes fois, sur une solution "réaliste", et "pratique", basée sur le "compromis".
Des termes savamment choisis et qui éludent, systématiquement, toute option autre que l'autonomie, surtout l'autonomie, et rien que l'autonomie, laquelle prévoit de larges prérogatives d'autogestion à la population des provinces du sud marocain.
Ainsi l'enjeu majeur de la résolution 2494, dont l'importance cardinale est l'appel au maintien du nouvel élan politique impulsé par l'ex-EPSG, Horst Köhler.
Sinon, l'on peut regretter que le Conseil de sécurité n'ait pas été très acerbe cette fois sur les violations humanitaires qui se sont nettement exacerbées durant 2019 dans les camps de Lahmada-Tindouf. Arrestations abusives, dispartions forcées et détentions arbitraires à l'encontre des opposants à la direction du polisario.
Notre pensée va particulièrement à Moulay Abba Bouzid, El Fadel Breïka et Mahmoud Zidane, enlevés respectivement les 17, 18 et 19 juin 2019, et incarcérés depuis, sans motif autre que le dévoilement des pratiques infamantes de dirigeants séparatistes férocement liberticides et corrompus sjusqu'à la moêlle.
L'on pense également aux proches d'Ahmed Khalil, ex-conseiller de l'ancien chef du polisario Mohamed Abdelaziz, enlevé en 2009 à Alger, dans des circonstances mystérieuses (toujours) non élucidées.
L'on déplore également que les camps de Lahmada-Tindouf restent bloquées devant les mécanismes onusiens en charge des droits de l'Homme, dont le Haut-commissariat aux droits de l'Homme.
L'on déplore aussi l'absence de toute interaction de la part d'Alger et du polisario, avec l'appel du Conseil de sécurité pour l'enregistrement et le recensement de la population des camps.
L'on pourrait ainsi allonger la liste des violations non mentionnées dans la résolution 2494, mais abrégeons: il n'est pas juste de constater que, sur ce volet précis, le Maroc soit mis "au même pied d'égalité" avec un front dont les pratiques rappellent cruellement les bavures de la tristement célèbre époque stalinienne. Cela dit, il faut noter que le rôle du Conseil national des droits de l'Homme, CNDH, a été salué par le Conseil de sécurité, via ses antennes à Dakhla et Laâyoune. Il faut noter aussi cette mention de l'interaction positive du Maroc avec les Procédures sépciales de l'ONU en charge des droits de l'Homme. Cette mention ne doit toutefois pas amener les responsables, institutionnels et acteurs associatifs compris, à "dormir sur leurs lauriers". Il faut mieux communiquer autour de la question, notamment sur les violations qui sont systématiques dans les camps de Lahmada-Tindouf.