La situation des droits de l’Homme dans les camps de Tindouf est désastreuse. Les violations des droits humains y sont systématiques. Les députés membres de la commission parlementaire mixte Maroc-UE ont tenu à alerter leurs partenaires européens sur cette question. Ainsi, les députés marocains ont interpellé, mardi, leurs homologues européens sur la situation désastreuse dans les camps de Tindouf, dans le sud-ouest algérien, où les soi-disant «réfugiés» sont entreposés depuis des décennies, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son numéro du jeudi 19 mai.
Dans une lettre ouverte adressée aux députés européens, Lahcen Haddad, coprésident de la commission parlementaire mixte Maroc-UE, a tenu à souligner que cette situation préoccupe les députés marocains, car une bonne partie des populations séquestrées dans les camps de Tindouf est constituée de Sahraouis marocains.
Il a d'ailleurs précisé que l'Algérie considère les Sahraouis marocains (ainsi que d'autres venant de la région du Sahel) sur son sol comme des «réfugiés», alors que le Maroc les considère comme des «populations séquestrées» détenues contre leur gré dans les camps de Tindouf. Or, bien qu'elle les considère comme des «réfugiés», l'Algérie n' applique pas pour eux la Convention de Genève de 1951. Encore moins le Protocole de 1967 y afférent. Outre le fait qu'ils sont «entreposés», leur libre circulation est contrôlée. Ils ne sont donc pas autorisés à se rendre dans des pays tiers, ni à exercer une activité lucrative. Dans cette lettre, M. Haddad a fustigé cet «entreposage» contraire à l'esprit et à la lettre du droit international sur les réfugiés.
Malgré les appels réguliers du Conseil de sécurité de l'ONU et du HCR pour que l'Algérie recense et enregistre les «réfugiés» sahraouis comme le stipule le droit international, l'identité et le nombre de ces présumés réfugiés restent un mystère, a notamment observé le député cité par le quotidien.
Dans sa note du 28 septembre 2018, le HCR a confirmé que le chiffre officiel de planification des «réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf en Algérie» était de 90.000, un chiffre qui a été relevé, depuis 2006, de 35.000 à cause des inondations qui ont frappé la région, a tenu à rappeler M. Haddad. Le HCR, a-t-il ajouté, continuera cependant de s'appuyer sur ces chiffres jusqu'à ce qu'un recensement soit effectué.
L'Algérie et le Polisario n’en continuent pas moins d’affirmer qu'un plus grand nombre de réfugiés vit dans les camps et reçoit une aide humanitaire à la lumière de ces estimations, très probablement exagérées, souligne l’ancien ministre. Mais ils refusent continuellement de recenser et d'enregistrer les «réfugiés», malgré les appels constants du HCR et du Conseil de sécurité de l'ONU. Des preuves anecdotiques montrent d’ailleurs qu'une partie de l'aide humanitaire est vendue par des responsables du Polisario sur le marché noir, dans le sud de l'Algérie et la région du Sahel.
A ce propos, poursuit le quotidien, le député a rappelé que l'Office de lutte antifraude de l'Union Européenne avait pu établir, en 2015, que l'aide humanitaire de l'UE, qui s'était élevée à 105 millions d'euros au fil des ans, avait été régulièrement détournée par le Polisario pour des activités telles que l'achat d'armes.
Dans sa lettre adressée au députés européen, le coprésident de la commission mixte Maroc-UE a également évoqué le cas des enfants-soldats. Il a ainsi appelé la sous-commission des droits de l'Homme du Parlement européen à mener une enquête complète sur l'utilisation illégale d'enfants-soldats par le Polisario. Il a tenu à rappeler, à ce propos, que le Front se vante d’utiliser des enfants dans le conflit. En effet, ses médias de propagande publient régulièrement des vidéos d'enfants en treillis, endoctrinés et entraînés au combat. M. Haddad, conclut le quotidien, a donc exhorté tous les députés européens à prendre les mesures nécessaires pour inciter l'Algérie à mettre fin à cette situation illégale et à lui faire assumer toute sa responsabilité dans la gestion des camps, la libre circulation de la population et le libre accès à la justice algérienne.