La décision US est à "mesurer au regard de la perspective de solution qu’elle offre à ce différend qui n’a que trop duré, pour nous rapprocher de la stabilité et de la sécurité durables dans un sous-continent hautement stratégique", souligne le ministre dans cette tribune publiée sous le titre "Maroc: au Sahara, une décision américaine qui nous rapproche d'une solution".
Selon Bourita, le poids de la décision américaine est "à lire à l’aune de celui de son auteur: puissance globale, membre permanent du Conseil de sécurité" et "allié majeur" du Maroc, avec lequel des relations stratégiques ont été construites ces vingt dernières années, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI.
Ces relations, ancrées dans l’histoire et tournées vers l’avenir, se sont consolidées au fil des différentes administrations, a-t-il souligné.
Dénonçant le fait que les séparatistes du polisario n’ont pas attendu la décision américaine pour rompre le cessez-le-feu et mener des actions de harcèlement “somme toute insignifiantes”, Bourita relève dans cette tribune que dans le conflit autour du Sahara, deux visions s’opposent.
D’un côté, celle du Maroc, portée par son Souverain, qui veut que l’avenir soit meilleur que le passé, et qui investit massivement pour le construire avec plus de 7 milliards de dollars sur dix ans rien que dans les provinces du Sud, répondant ainsi à la Vision Royale de ne pas laisser les populations otages du processus politique qui s’enlise.
De l’autre côté, celle des autres parties, qui “privilégient le statu quo, voire le pourrissement, empêchant l’intégration économique régionale, menaçant la sécurité dans une région instable et faisant fi des conséquences humanitaires en jeu”, déplore le ministre.
Pour lui, "c’est à la lumière de ces données qu’il faut apprécier la décision américaine", ajoutant que c’est aussi de ce point de vue-là qu’elle se révèle dans sa dimension la plus structurante car elle “inaugure un momentum renforcé en faveur d’une solution politique réaliste et durable basée sur le compromis dans le cadre de l’autonomie”.
“C’est ce sens du compromis, typique de sa tradition millénaire d’État central, qui a permis au Maroc d’évoluer vers une logique d’autonomie élargie où la population du Sahara marocain peut gérer ses affaires politiques, économiques et sociales à travers des organes législatif, exécutif et judiciaire régionaux”, a-t-il affirmé.
Bourita relève également que les États-Unis connaissent bien la genèse et l’évolution du dossier, ses dynamiques et enjeux, faisant observer que le cheminement, dont l’initiative d’autonomie est le fruit, est le résultat de “consultations approfondies entre SM le Roi et l’administration Clinton".
Soumise en concertation avec l’administration Bush, républicaine, elle a ensuite été soutenue par l’administration Obama, démocrate. Ces administrations successives ont toutes apporté leur appui à l’autonomie comme solution à ce différend régional, rappelle le ministre, en notant que la proclamation présidentielle de l’administration Trump est venue “couronner ce processus et expliciter une position constante de soutien depuis vingt ans”.
Un soutien qui va de pair avec la reconnaissance d’une souveraineté nationale et d’une intégrité territoriale, observe-t-il, ajoutant qu’au-delà du soutien qu’ils apportent au Maroc à travers des déclarations politiques publiques, les États-Unis lui rendent disponibles, depuis 2015, une ligne financière au profit des provinces du Sahara marocain.
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De même, explique-t-il, les accords commerciaux conclus avec l’Union européenne s’appliquent aux provinces du sud du Royaume, relevant que le soutien fort des États-Unis “ne surprend donc que l’ignorance et l’amnésie”.
Et de poursuivre que la proclamation américaine est aussi en phase avec l’évolution du dossier au sein des Nations unies, d’abord à travers les déclarations de nombreux anciens envoyés onusiens qui avaient martelé que «l’indépendance du Sahara» n’était pas une option réaliste, et ensuite à travers les dix-sept dernières résolutions du Conseil de sécurité qui ont consacré une doctrine claire, en appelant à une « solution politique réaliste, pragmatique et durable », tout en marquant la prééminence des efforts sérieux et crédibles du Maroc pour sortir le dossier de l’impasse.
Pour y parvenir, note le ministre, le Maroc “reste fidèle” au processus politique mené sous les auspices des Nations unies, sur la base de paramètres clairs, impliquant les véritables parties du différend régional.
“Et SM le Roi s’y est engagé auprès du secrétaire général des Nations unies, António Guterres”, note le ministre, faisant remarquer qu’il est “primordial de souligner que le processus politique n’est pas une fin en soi” mais plutôt “un chemin”.
A ses yeux, ceux qui croient contrarier le Maroc en s’opposant à son initiative d’autonomie ne font que “servir une impasse et s’opposent en réalité à la seule promesse d’une solution sans vainqueur ni vaincu, et qui bénéficie d’un élan d’appui international de plus en plus affirmé”.
“Nous en voulons pour preuve les 42 pays qui ont récemment réitéré leur soutien à l’autonomie sous souveraineté marocaine dans le cadre d’une conférence ministérielle à l’initiative du Maroc et des États-Unis. En outre, la décision américaine de rejoindre la vingtaine de pays ayant inauguré des consulats à Laâyoune et Dakhla motivera sans nul doute d’autres nations à leur emboîter très prochainement le pas”, rappelle-t-il.
Et d’ajouter que lorsque le Maroc a signé, le 22 décembre dernier, la déclaration trilatérale qui contient la déclaration présidentielle américaine, “il a scellé par la même occasion un engagement pour un package vertueux, favorisant la stabilité dans le Maghreb et au service de la paix au Moyen-Orient par la même occasion”.
“C’est une chance qui s’offre à nous aujourd’hui de nous inscrire dans un positionnement constructif et agissant vers le seul horizon réaliste, juste et durable”, conclut-il.
Le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita a signé d'autres tribunes dans différents supports médiatiques internationaux dans lesquelles il explique la démarche américaine et le soutien international à la solution d'autonomie des provinces du sud sous souveraineté marocaine.