Les médias ont dernièrement publié les photos de deux jeunes Sahraouis, l’un armé d’une kalachnikov. Photos qui selon le Polisario, auraient été prises sur la côte atlantique, en face de la zone dite de «Kandahar». Les deux jeunes font partie de la brigade «Sissi», créée à l’époque où Lamine Bouhali dirigeait le «ministère de la Défense». Sous prétexte de combattre le terrorisme, cette brigade était destinée en réalité à terrifier les habitants des camps de Tindouf, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghrebia dans son édition du jeudi 27 octobre.
La publication des photos en question, sur le réseau «Mzirate» dirigé par les séparatistes de l’intérieur, n’est pas fortuite. L’objectif de la manœuvre est d’envoyer un message aux habitants des provinces du Sud. Ce, afin de jouer sur leurs sentiments et, éventuellement, de tenter de les rallier aux thèses séparatistes après l’échec de la tentative de boycott des dernières élections du 7 octobre.
Cette amplification de la guerre médiatique intervient comme par hasard au moment où le Secrétaire général adjoint de l’ONU, chargé du maintien de la paix, est en visite dans la région. C’est également l’occasion d’envoyer un message aux séquestrés de Tindouf en inventant des victoires virtuelles qui n’existent pas sur le terrain, mais dont le but est de renforcer la position de l’actuel homme fort des camps, Brahim Ghali.
Ces photos entrent ainsi dans le cadre d’une opération de communication qui veut faire croire à une présence militaire du Polisario dans cette zone de «Kandahar». En fait, un seul véhicule qui relève des forces spéciales «Sissi» se trouve dans cette zone, soit à 25 km de Lagouira.
Globalement, le Polisario s’est positionné au sud du mur de sécurité, dans une zone tampon où sont installés des éléments de sa «défense aérienne» armés de mitrailleuses 23mm posées sur une soixantaine de véhicules. Ces éléments armés ont pris soin de se cacher derrière les dunes à l’abri des regards. Dans le même temps, cinq autres véhicules militaires, dont deux de la gendarmerie du Polisario, ont pris position non loin de la route de Guerguerat dont les travaux d’aménagement sont désormais très avancés.
En fait, la situation dans la zone reste stable en raison de son caractère sensible et de l’incapacité du Polisario à déclencher un conflit armé dont personne ne saurait prédire les conséquences. L’actuel chef du Polisario, Brahim Ghali, est bien conscient de cette donne. Cette opération est pour lui l’occasion de gagner des appuis à l’intérieur des camps pour mener à terme son projet de «coup d’Etat blanc» à Tindouf et de redistribuer les cartes du séparatisme de l’intérieur.
En somme, l’instrumentalisation de ces photos entre dans le cadre de la propagande, sans plus. Reste à savoir comment les autorités marocaines vont réagir et quelle lecture elles feront de cette situation mais aussi de la politique médiatique dans les régions du Sud.