Deux semaines après la distribution, le 10 avril, du premier rapport du tout nouveau SG de l'ONU, Antonio Guterres, au Conseil de sécurité, les quinze membres de cette instance décisive répondront présents ce mardi 25 avril au siège de l'ONU pour recevoir et débattre du projet de résolution élaboré par l'ambassadrice représentante permanente des Etats-Unis auprès de l'ONU, Nikki Haley. Les Quinze devraient également débattre des deux rapports de la représentante spéciale du SG de l'ONU, cheffe de la MINURSO, la Canadienne Kim Bolduc, et le commandant des casques bleus, le général de division chinois Wang XiAojun.
Selon les sources de le360, il est fort attendu que le projet de résolution soit soumis au vote vendredi 28 avril dans la matinée.
Pour précision, le projet de résolution est élaboré sur la base du rapport du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. Comme le rapportait le360, dans son édition du 10 avril, le SG de l'ONU avait proposé dans son rapport des pistes de négociations inédites. En effet, c'est la première fois qu'un SG de l'ONU, depuis l'éclatement du conflit, ose mettre le doigt à la plaie, en appelant, à la faveur d'une approche audacieuse et innovante autant du point de vue de la forme que de l'esprit, à redéfinir le concept de l'autodétermination, battant ainsi en brèche l'acception "unique" de ce mot auquel l'Algérie et le Polisario veulent assigner comme sens l'indépendance. L'offre marocaine d'autonomie prônée par le Maroc, sur la base de laquelle s'est enclenché le processus de négociations en 2007 à Manhasset, est ainsi remise sur la table comme alternative sérieuse et crédible, comme en attestent les différentes résolutions adoptées depuis par le Conseil de sécurité.
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Le Polisario, caisse de résonance des "instructions" d'Alger, avait déjà manifesté son rejet de cet appel d'air du SG de l'ONU, en s'accrochant à l'option du "référendum", "impraticable" de l'aveu même de l'ONU, et dont nulle mention n'est d'ailleurs faite dans le rapport du tout nouveau SG de l'ONU, Antonio Guterres.
Il faut s'attendre aussi à ce que le Conseil de sécurité enjoigne au Polisario, dans sa nouvelle résolution, de retirer "dans l'immédiat et sans condition" ses éléments armés de la région de Guerguerat, déclarée zone tampon en vertu de l'accord de cessez-le-feu de novembre 1991. Une injonction à laquelle le front séparatiste, sous l'instigation d'Alger, ne voudrait pas obéir, contrairement au Maroc qui, le 26 février dernier, avait procédé à un "retrait unilatéral", sur hautes instructions du roi Mohammed VI, Chef suprême, Chef d'état-major général des Forces armées royales. Une décision, faut-il le rappeler, qui avait été fort saluée par le SG de l'ONU, ainsi que par des membres du Conseil de sécurité, dont les Etats-Unis et la France, sans compter l'Espagne.
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Le «représentant permanent du Polisario» à l'ONU, Ahmed Boukhari, donne déjà le ton de ce qui semble présager d’une radicalisation des séparatistes quant à l'injonction du Conseil de sécurité consistant à se retirer immédiatement et sans condition de Guerguerat. Il a affirmé, hier lundi, dans une déclaration à l'agence de presse espagnole EFE que l'ONU ne peut se transformer en «agence commerciale» au service du Maroc. Allusion au tronçon de 3.7 km de la zone tampon de Guerguerat par lequel transitent les camions marocains en direction de l'Afrique subsaharienne. Quand on connaît la peur panique que fait naître à Alger la percée et les ambitions économiques du Maroc dans le continent, on comprend aisément que le voisin de l'est pousse son protégé polisarien à bloquer le corridor terrestre qui lie le Maroc à la Mauritanie à travers le no man's land de Guerguerat. Reste à savoir si cette opposition d’Alger va résister à l’épreuve d’une résolution contraignante du Conseil de sécurité.