Le draft du nouveau rapport du SG de l'ONU sur le Sahara est, finalement, tombé. Dans cette première mouture, parvenue ce jeudi matin à le360, Antonio Guterres affirme d'abord rester convaincu de la possibilité d'une issue politique au différend régional créé autour du Sahara. "Je reste convaicnu qu'une solution à la question du Sahara occidental est possible", affirme M. Guterres, dans le paragraphe VIII de son rapport.
Or, relève-t-il, "le manque de confiance entre les parties persiste". "Malgré leurs déclarations respectives, ni le Maroc ni le polisario ne semblent avoir confiance dans la volonté de l'autre partie de s'engager sérieusement et d'accepter les compromis nécessaires pour parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental", écrit-il dans la partie "Observations et recommandations".
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Notons que la notion d'"autodétermination", à l'instar du précédent rapport, n'a été mentionnée qu'une seule fois, ce qui constitue en soi une grosse déception pour le front séparatiste du polisario et pour son mentor algérien, restés inutilement cramponnés à l'option du "réferendum d'autodétermination", impraticable de l'aveu même de l'ONU.
Sur ce point, il faut noter cette précision majeure apportée par M. Guterres concernant la nature de la mission de la Minurso. Prenant à rebours les allégations du front polisario, le SG de l'ONU précise que le rôle de la Minurso est de "faire respecter l'accord de cessez-le-feu", tordant ainsi le cou aux dires prêtant à cette mission le rôle d'organiser un prétendu "référendum d'autodétermination".
Quid des "violations" qui seraient commises de part et d'autre du dispositif de défense marocain? Remarquons que le SG de l'ONU "se félicite de la coopération dont le Maroc a fait preuve dans le règlement des violations décrites dans mon précédent rapport". Fin avril 2019, M. Guterres avait en effet relevé des "violations" imputées aux Forces armées royales, sur la base d'allégations séparatistes prêtant à l'armée marocaine l'intention de construire, entre autres, un "nouveau mur de sable" à l'extrême sud du Sahara.
Par contre, M. Guterres relève que les responsables civils de la Minurso se voient toujours refuser l'accès des camps de Tindouf, pour constater de visu la situation sur le terrain.
Mais passons, car la "préoccupation" de Guterres est ailleurs. "Je suis préoccupé par ce qui se passe à Guerguarat depuis quelque temps", écrit-il, en rappelant avoir toutefois mis en garde contre "obstruction du trafic civil" dans ce couloir terrestre vital reliant le Sahara marocain et le nord de la Mauritanie. "L'augmentation du trafic international commercial à travers la bande tampon et l'intensification des activités civiles menées pour l'entraver suscitent des tensions dans cette zone sensible", prévient-il encore, en pointant sans le nommer le front séparatiste du polisario, à l'origine des sit-in observés courant 2019 par des activistes téléguidés depuis Tindouf, pour tenter d'empêcher les camions de traverser le couloir de Guerguarat. "Je demande que le trafic civil et commercial régulier ne soit pas perturbé", assène-t-il à nouveau.
Autre sujet de préoccupation, l'intensification du trafic de drogue dans la zone tampon. À ce sujet, le SG de l'ONU fait notamment écho aux derniers affrontements armés ayant opposé deux fractions de la même tribu Rguibat, en l'occurrence Souaâd et Labouihat, à quelques encablures de la frontière nord de la Mauritanie. Il demande ainsi "aux parties" de s'abstenir d'utiliser des moyens militaires pour lutter contre le trafic de drogue, en vue de préserver la nature de la zone censée être démilitarisée, en vertu de l'accord de cessez-le-feu signé le 6 septembre 1991.
S'agissant des droits de l'Homme, le SG de l'ONU se contente de passer en revue les différents "griefs" farfelus qui lui ont été adressés par le chef du front polisario, notamment celui relatif aux incidents survenus le 19 juillet 2019 à Laâyoune, suite au sacre continental des Fennecs (Can d'Égypte), qui se sont soldés par le décès accidentel d'une femme provoqué par des nervis séparatistes télécommandés depuis Tindouf, et dont l'objectif était de gâcher la liesse que les Marocains du sud, tout comme d'ailleurs les autres régions du royaume, voulaient partager avec leurs frères algériens.
À ce propos, le SG de l'ONU fait un large écho au récit présenté par les autorités marocaines mettant en cause les activistes séparatistes agissant de l'intérieur du Sahara pour tenter de fomenter des troubles.
Toujours dans le registre des violations des droits de l'homme, le SG de l'ONU s'arrête amplement sur les mesures restrictives de la liberté de circulation imposées par le front polisario, sur instructions de l'armée algérienne, à la population de Tindouf. Il s'est fait l'écho des nombreux sit-in observés par les "réfugiés" sahraouis, pour demander le recouvrement de leur droit de circuler librement, notamment entre Tindouf et le nord de la Mauritanie, où ils ont l'habitude de faire du commerce pour subvenir aux besoins de leurs familles.
M. Guterres n'a pas omis d'évoquer aussi le dossier des disparitions forcées, des arresttations abusives et des détentions arbitraires commises perpétrées par les matons polisariens à l'encontre des opposants.
Le cas d'Ahmed Khalil, enlevé en 2009 dans des circonstances mystérieuses à Alger, a été épinglé, sans oublier ceux, plus récents, d'autres opposants enlevés, l'été dernier, et restés depuis, incarcérés, sous des chefs d'inculpation aussi farfelus, que "intelligence avec une partie ennemie".
Dernier point important, la réaffirmation du leadership de l'ONU sur le dossier du Sahara. À ce propos, M. Guterres s'est fait largement l'écho du "soutien africain" massif à l'ONU lors de la Conférence de Marrakech (Fin mars 2019), en réponse au colloque des pays d'Afrique australe initié par Pretoria, dans la tentative vaine d'impliquer l'Union africaine dans le processu de règlement du conflit.