Les discussions bilatérales effectuées au sujet du dossier saharien, mardi 6 mars, à Lisbonne, ont été l’occasion pour la délégation marocaine, présidée par le MAECI Nasser Bourita, d’opérer un véritable travail de remise à plat de plusieurs points. Nombre de griefs ont en effet été exprimés à Horst Köhler par la délégation marocaine, constituée significativement d’élus du Sahara marocain, en l’occurence Sidi Hamdi Ould Errachid, président de la région Laâyoune-Sakia El Hamra, et Ynja Khattat, ancien membre dirigeant au sein du front Polisario, actuel président de la région Dakhla-Oued Eddahab.
Les actions entreprises par Horst Köhler, depuis sa nomination mi-août 2016 en tant que nouvel Envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, notamment son ballet de rencontres avec des responsables de l’Union africaine, dont celle qu’il a eue le 10 janvier 2018 à Bruxelles !, avec le très controversé commissaire algérien de la Commission paix et sécurité de l'UA, le dénommé Ismaïl Chergui, laissaient planer la perspective que l’émissaire onusien déviait des paramètres pourtant clairement définis par l’ONU, parrain exclusif du dossier saharien. Une hypothèse que nourrissait le fait que l’émissaire onusien n’a pas rencontré d’autres leaders africains, dont le président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouatera, dont le pays est actuellement membre du Conseil de sécurité, ou plus encore le président de la Guinée -Conakry, président sortant de l’Union africaine.
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Sur ce point, précise une source onusienne contactée par le360, Horst Köhler aurait été réceptif. Il a reconnu que le dossier était du seul et unique ressort des Nations Unies, conformément à la résolution 2351 adoptée fin avril 2017 à l’unanimité des Quinze membres du Conseil de sécurité, pointant l’Algérie en tant que «partie» prenante au conflit créé autour du Sahara marocain. A ce sujet, la délégation marocaine a été on ne peut plus explicite, en retraçant l’historique du conflit depuis sa genèse en 1974 à partir du sol algérien.
La déclaration du MAECI, Nasser Bourita, qualifiant de «fructueux» les échanges avec Horst Köhler, prend ainsi toute sa signification. Mais les assurances données par ce dernier quant à la délimitation au seul périmètre onusien du processus engagé en 2007 à Manhasset, sur la base de l’offre marocaine d’autonomie, ne doivent pas être crues sur parole. Elles devront être mises à l’épreuve du rapport de briefing qui sera exposé par Köhler, dans la deuxième moitié du mois de mars, devant le Conseil de sécurité.
Autre indicateur enregistré lors des discussions de Lisbonne, et il n'est pas des moindres. La délégation marocaine ayant fait le déplacement était constituée très significativement de deux élus du Sahara marocain, dont un ancien dirigeant au Polisario qui est actuellement président de la Région Dakhla Oued Eddahab, Ynja Khattat. Une avancée marocaine qui a mis dans le désarroi total le front Polisario et son mentor algérien, tant et si bien que le front séparatiste tentait en vain de se faire passer pour «le représentant exclusif des Sahraouis»! Un «statut» qu’aucune structure régionale, continentale, à plus forte raison l’Organisation des Nations Unies, ne reconnaît au front Polisario.