La question du Sahara marocain est sans doute en train de connaître un tournant décisif. La conjoncture actuelle pousse de plus en plus vers une solution politique de ce conflit, sur la base du plan d'autonomie proposé par le Maroc en 2007. Les derniers signes du changement nous viennent de nos voisins du Nord. L’Espagne, qui faut-il le rappeler est membre du club des amis du Sahara a, en effet, envoyé dernièrement plusieurs signaux qui confortent la position marocaine, commente l'hebdomadaire La Vie éco dans son édition du vendredi 26 juin.
Ainsi, poursuit l’hebdomadaire, à l’occasion de la «Journée de l’Afrique», le 25 mai, la ministre des Affaires étrangères avait choisi de ne pas associer le représentant du Front Polisario à une visioconférence, dédiée à cet événement, qu’elle a tenue avec les ambassadeurs de pays de l’Union africaine accrédités à Madrid. Une première. La pseudo-Rasd a été complètement ignorée lors de cet évènement. La Cour suprême suit le pas en publiant, un peu plus tard, une décision historique.
En réalité, il s’agit de deux décisions de la haute juridiction espagnole. La première porte sur l’interdiction, l’utilisation, occasionnelle ou permanente, de drapeaux «non officiels» ou de toute expression politique dans les bâtiments publics. Exit donc pour les fanions des séparatistes qui, par complaisance ou par intérêt, ornent à l’occasion les façades de certaines communes perdues au fin fond de la péninsule. Le deuxième texte est un arrêt émanant de la Chambre civile de la Cour qui a refusé la nationalité espagnole à une citoyenne née en 1973 dans les provinces du Sud du Maroc.
Cette orientation de la juridiction suprême constitue une «forte claque», voire un «coup de grâce», à la fictive république sahraouie et «ôte la légitimité fictive» de cette entité, estiment plusieurs observateurs. Bien plus, les passeports «diplomatiques» grâce auxquels les responsables du Front peuvent aller là où bon leur semble sur le territoire espagnol sans aucune contrainte, ne sont plus reconnus. Ce qui limite considérablement le mouvement des séparatistes et réduit leurs activités dans ce pays. Ils ne pas peuvent plus compter, non plus, sur l'appui de leurs amis du Podemos (extrême-gauche), qui sont au gouvernement.
Bref, pour les spécialistes de la question, poursuit l'hebdomadaire, la nouvelle orientation de la Cour suprême espagnole constitue «une victoire juridique supplémentaire pour le Royaume et un succès de la stratégie diplomatique officielle et parallèle». Il pourrait certainement faire valoir, au besoin, les attendus de ces décisions auprès des instances européennes.
Sur un tout autre registre, et cette fois en Afrique, le Maroc gagne du terrain. Il faut dire qu'entre le Royaume et le reste de l’Afrique, c'est une nouvelle ère qui a démarré depuis le retour du Maroc à l’UA, en janvier 2017. Depuis, observe l'hebdomadaire, le Royaume multiple les initiatives dans le sens de la coopération Sud-Sud. La dernière en date, c'est cette décision d'envoyer des aides médicales pour faire face à la pandémie en faveur de plusieurs pays africains, et d'autres mises à la disposition de l’UA.
Sur le plan interne, dans les camps de Tindouf, la direction du Front est de plus en plus contestée, notamment sur le volet du respect des droits de l’Homme et surtout sur la question de la représentativité. Ainsi, pour de nombreux experts en relations internationales, la récente création du Mouvement sahraoui pour la paix (MSP) marque le «début de la fin» pour le Polisario. Le nouveau mouvement, estime-t-on, peut représenter «une véritable alternative» au Front.