Se prêtant au jeu des questions-réponses, hier mardi 29 mars, lors de son briefing quotidien, le porte-parole du SG de l’ONU, Stéphane Dujarric, a multiplié les dérobades. A la question de savoir si Ban Ki-moon a utilisé le terme «occupation» dans un sens juridique, posé par un journaliste du «New York Post», Beny Avni, le porte-parole de Ban Ki-moon a resservi cette réponse évasive : «C’était une réaction personnelle»!
C’est là un «argument» repris en chœur par le staff du SG de l’ONU depuis l’éclatement de la crise provoquée par Ban Ki-moon avec les autorités marocaines, au lendemain de son voyage le 5 mars à Tindouf. Une question toutefois s’impose : à quel titre Ban Ki-moon s’est payé le voyage du côté de Tindouf? N’est-ce pas en tant que secrétaire général de l’ONU, avec ce que cela implique en termes de neutralité et d’objectivité, telles que définies dans l’article 100 de la Charte des Nations Unies ?
Et comme une question devrait en appeler une autre, en voilà bien une vraie que le journaliste de « New-York Post » a posée: «Donc, ce n'est pas dans un sens juridique? Est-ce bien ce que vous dites? Ce que vous dites en fait est qu'il y avait des circonstances atténuantes, ce n'était pas prévu, cela relevait de sa pensée, et que cela ne concernait pas la signification du mot. La question aujourd'hui est la suivante: selon Ban Ki-moon et l'ONU, le mot "occupation" dans un sens juridique est-il applicable au Sahara occidental?»
En guise de réponse, Stéphane Dujarric esquive : «Je pense que ce que je suis en train de dire explique exactement ce qu'il voulait dire».
«Exactement»! enfin non. Car les allégations de Dujarric, porte-parole du SG de l’ONU, contredisent celles colportées par son adjoint, le Pakistanais Farhan Haq, constate une journaliste d’Al-Araby al-Jadid. «Sur le Sahara occidental, Farhan a déclaré la semaine dernière, concernant cette question d’occupation, que l’utilisation de ce mot n’était pas sans fondement juridique. Et il nous a référé aux résolutions prises par le Conseil de sécurité ou l’Assemblée générale (de l’ONU). Ma question est la suivante : quel est le fondement juridique dont vous parlez ? Pouvez-vous nous donner votre interprétation ?».
Réponse de Stéphane Dujarric : «Farhan a dit ce qu'il a dit et, évidemment, je ne conteste pas ce qu'il a dit. Les résolutions de l'Assemblée générale sont là pour quiconque veut les consulter. Ils ne sont pas des documents secrets. Encore une fois, je vais juste essayer d'expliquer l'état d'esprit du SG et cadrer le moment où il a dit ce qu'il avait à dire».
Qui croire, alors ? Stéphane ? Dujarric ? Quand le journaliste du «New York Post» lui demande si «le terme occupation a été utilisé dans un sens juridique», Stéphane lui répond que «c’est une réaction personnelle». Et quand une journaliste d’ «Al Araby Al-Jadid» lui rappelle une déclaration précédente de son adjoint, Farhan Haq, selon laquelle le terme «occupation» a «un fondement juridique», il dit partager la même interprétation !
D’un côté, il met le dérapage de Ban Ki-moon sur le compte de la «réaction personnelle», de l’autre, il se dédit et estime que le terme «occupation» du Sahara a un «fondement juridique» !Une contradiction qui se passe de tout commentaire mais que le Secrétariat général de l’ONU n’a pas eu le courage ni l’humilité d’assumer. «Pourquoi ne pas tout simplement présenter des excuses officielles et pourquoi s’attarder ?», a demandé une consoeur de H24, Yaacoubi Soussane, à Stéphane Dujarric.
«Le SG de l’ONU a dit qu’il regrette le malentendu et les conséquences de son expression et sa sollicitude personnelles», rapporte Dujarric.
Vous avez bien lu: le SG de l’ONU «regrette»… mais ne veut pas assumer ses propos en présentant simplement ses «excuses». Pourquoi alors se hasarder à des déclarations quand on est incapable de les assumer ? Une chose est sûre: Ban Ki-moon a raté une belle occasion de se taire!