Alger serait-elle en train de reconsidérer sa position sur le Sahara marocain ? Il y a des signes qui ne trompent pas. Il faut d’abord bien noter que, depuis le départ du patron du DRS, Mohamed Lamine Mediene, combiné à l’emprisonnement de son ex-bras droit le général «Hassan», de son vrai nom Abdelkader Aït Ouarabi, qui vient d’écoper de 5 ans de prison ferme, les langues ont commencé à se délier sur une question qui relevait des «secrets les mieux gardés» en Algérie. Et c’est (excusez du peu) un certain Ammar Saâdani, patron du Front de libération nationale (FLN), parti du président Abdelaziz Bouteflika, qui a ouvert le tir.
Selon M. Saâdani, à l’origine de l’Initiative de soutien au programme du président Bouteflika, la question du Sahara devrait être du ressort exclusif des Nations unies. Interrogé par un journaliste d’Ennahar TV dernièrement au sujet du discours royal de la Marche verte, le patron du FLN a insinué que son pays devait renoncer au soutien du Polisario.
Deuxième sortie médiatique, et elle n’est pas des moindres. Celle de la SG du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune. Réagissant à l’audience accordée récemment par le président Bouteflika à un chef du Polisario désarçonné par la déclaration de Saâdani, elle en a rajouté une couche pour affirmer que cette audience n’avait pas lieu d’être puisqu’elle ne figurait, tout d’abord, pas parmi les priorités de l’Algérie appelée à assainir ses relations avec le Maroc et œuvrer pour la redynamisation de l’Union du Maghreb arabe, aujourd’hui plus que jamais menacé par l’insécurité et la flambée terroriste.
Remarquez que le dossier saharien ne relève plus des «questions taboues» en Algérie, comme il l’a toujours été sous l’ex-patron du DRS, le général-major «Tewfik», qui durant tout son mandant de 25 ans à la tête du DRS était un partisan irréductible du Polisario. Le coup de balai donné à celui qui était surnommé «faiseur de présidents» en Algérie, ainsi qu’à ses lieutenants au DRS, a permis tout au moins d'enlever le tabou qui entourait cette question et la sortir des couloirs capitonnés du DRS pour être mise sur la place publique algérienne.
Face à ce revirement, le chef du Polisario ne s’est jamais senti aussi isolé au point de quémander une audience auprès de la présidence algérienne couronnée par une séance de prise de photos avec le président Bouteflika rien que pour la «consommation médiatique» interne à des camps où la colère gronde et où la population guette la moindre occasion pour desserrer la poigne de fer qui l’étreint à Tindouf.
La fermeté du discours royal, prononcé à Laâyoune à l’occasion du quarantième anniversaire de la Marche Verte, célébré le 6 novembre dernier, a donc réussi à faire bouger les lignes, au point que même le flamboyant ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, n’appelle déjà plus qu’à la reprise des négociations, celles-là mêmes qu’il s’est ingénié à bloquer en se cramponnant à la thèse chimérique de «l’indépendance». Un appel du pied qu’il a réitéré, pas plus tard qu’hier mercredi, dans les colonnes du quotidien français «L’Opinion».
Autre indicateur, c’est le mouvement de troupes algériennes en direction de Tindouf livrée depuis longtemps en pâture aux bandits de grand chemin, y compris et surtout les terroristes d’Aqmi et de «l’EI» compris dont les liens avec les barons armés du Polisario ne sont plus à démontrer.