Le développement historique que connait le dossier du Sahara marocain est la résultante logique d’une politique ciblée. En effet, on ne provoque pas un tel changement sans actions diplomatiques et sans stratégie d’influence. Autant dire que les commentaires et les analyses qui conditionnent la position américaine à la normalisation avec Israël ignorent tout du processus historique et diplomatique de cette affaire. Laquelle affaire est bizarroïde sur tous les plans, y compris dans la façon avec laquelle elle a été soumise à l’ONU. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia relate, dans son édition du vendredi 18 décembre, la chronologie d’une offensive diplomatique, tous azimuts, menée de main de maitre par le roi Mohammed VI depuis son accession au trône.
La première percée à avoir déboulonner le socle du Polisario, de son parrain l’Algérie et de son alter ego l’Afrique du sud a été le retour du Maroc au sein de l’Union Africaine (UA). En une année et demie, le Maroc va devenir un acteur influent dans cette enceinte pour être désigné membre du conseil de la paix et de la sécurité qui joue un rôle important dans les conflits interafricains. Après avoir consolidé ses acquis au sein de cette institution, le royaume a pratiqué la diplomatie de dissuasion en allant détruire les nids du Polisario en Afrique. Pendant ce temps, le dossier du terrorisme est devenu une carte maitresse dans les calculs géopolitiques où le rôle prépondérant du Maroc a été reconnu par le monde entier.
Les Etats-Unis avaient salué la stratégie du Maroc dans la lutte contre le terrorisme et s’est félicité de la coopération étroite avec notre pays dans ce domaine. Au fil des ans, le Maroc est devenu un allié incontournable dans la lutte contre le terrorisme avec toutes les administrations américaines ainsi qu’avec l’Union européenne (UE). Ces acquis vont impacter positivement l’évolution du dossier du Sahara marocain quand le Maroc a attiré l’attention de ses alliés sur les dangers du séparatisme. D’autant qu’il a donné à la communauté internationale des preuves irréfutables sur la prolifération des organisations terroristes d’Al Qaida et de Daesh dans la région du Sahel. En parallèle, le Maroc a renforcé sa coopération avec les Etats-Unis, notamment avec l’organisation, sur le sol national, de la plus grande manœuvre militaire (African Lion) que ce pays effectue en dehors de ses frontières.
Du coup, le royaume va devenir une puissance régionale qui participe à tous les dossiers relatifs à l’Afrique que ce soit avec les Etats-Unis ou avec l’Europe. En parallèle, le Maroc a, depuis 2007, changé de stratégie sur le dossier du Sahara au sein de l’ONU quand l’initiative de l’autonomie est devenue une référence pour une solution politique. L’Algérie, qui s’est longtemps cachée derrière le masque de la neutralité, est devenue par la force des choses et des résolutions de l’ONU partie prenante dans ce conflit. Le processus des retraits de la reconnaissance de l’Etat fantoche s’est étendu de l’Afrique vers l’Asie et le continent américain. De plus en plus isolé et acculé à la défensive, le régime militaire algérien va, dès 2016, pousser le Polisario à s’installer dans les zones tampon sans savoir qu’ils allaient tous les deux tomber dans leur propre piège.
Depuis la nomination de Horst Köhler comme envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, l’Algérie a choisi Bonn pour essayer de se débarrasser de sa qualité de partie prenante dans le conflit. Mais le régime algérien a échoué quand le Maroc a choisi de se rendre aux négociations de Genève avec un esprit offensif pour dévoiler toutes les cartes, y compris celle du refrain de l’autodétermination. Ce jeu perfide de l’Algérie a fini par agacer l’envoyé personnel de l’ONU et le pousser à démissionner, laissant ainsi le régime des généraux et le Polisario en confrontation avec l’ONU. Après les multiples violations de l’accord de cessez-le-feu et son indifférence face aux avertissements de l’ONU, le Polisario a essayé de créer la tension dans la région de Guergarate en bloquant la circulation des personnes et des biens.
Tout en gardant son sang-froid, le Maroc a marqué d’autres points avec l’ouverture de plusieurs consulats de pays africains à Dakhla et Laâyoune. C’est après avoir attiré l’attention de la communauté internationale sur la gravité du blocage de Guergarate que le Maroc a effectué son opération éclair qui a délogé le milices polisariennes et permis la réouverture de ce passage frontalier. Cet échec cuisant a poussé l’Afrique du Sud à essayer, pendant tout le mois de sa présidence du conseil de sécurité, de venir au secours du Polisario sans le moindre succès. Il en est de même pour le ministre des Affaires étrangères algérien, Sabri Boukadoum, qui a échoué dans sa tentative de convaincre les membres de l’UA d’adopter une résolution condamnant l’intervention du Maroc dans la région de Guergarate.
Le régime militaire n’a pas digéré cette débandade et les medias à sa botte notamment le journal Chourouk a poussé l’effronterie jusqu’à dire que «l’intervention militaire du Maroc à Guergarate a poussé l’Algérie à adopter une nouvelle approche sur le conflit du Sahara car il est devenu, désormais, une affaire de souveraineté qui concerne la profondeur stratégique de sa sécurité régionale». Il n’y avait qu’un pas pour que les généraux profitent de l’absence du président Tebounne malade pour déclarer que l’Algérie est en danger et qu’il faut se préparer pour la guerre. L’hystérie de notre voisin est allée crescendo quand les Etats-Unis ont reconnu la marocanité du Sahara après avoir rédigé pendant des années les résolutions du conseil de sécurité sur ce dossier.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que la décision américaine n’était pas un cadeau comme certains l’ont qualifié en la liant, avec une dramatisation excessive, avec la normalisation avec Israël. La diplomatie marocaine n’a jamais agi dans la précipitation. Dans cette affaire, le royaume négocie depuis au moins trois ans discrètement l’intégrité territoriale du royaume. Durant toute cette période, le Maroc n’a jamais couru pour donner un chèque en blanc à quiconque. Mais il a continué à défendre les droits des Palestiniens comme il l’a toujours fait tout en militant pour sa cause nationale.