Mohamed Ould Abdel Aziz, le président-militaire contesté à la tête de son pays, est sous pression. Celle du régime algérien. Et il vient d'en apporter la preuve. Au micro de la problématique chaîne de télévision France 24, véritable boîte d'allumettes dont le peu d'éclat n'a d'égal que la recherche naturelle de facilité, il déclare ce qui suit: le «peuple sahraoui vit une situation dramatique». Il ne parle évidemment pas des populations de Tindouf, région dont les militaires algériens ont fait leur défouloir ultime. Il désigne, et c'est à peine voilé, celles qui vivent en paix au Maroc. C'est bête, méchant et totalement gratuit. Et si le président mauritanien croit ainsi protéger son règne, il se trompe lourdement.
D'aucuns le savent. Le drame, c'est ce que vivent les populations dans les camps de Tindouf, dans le Sud-Ouest algérien. Séquestration de facto, dépendance absolue des aides internationales, au demeurant détournées par les hauts gradés d'un Front qui n'a nullement le front d'assumer son rôle de salarié d'Alger, esclavagisme des plus faibles... La liste est bien longue. Cela, la faible puissance en action en Mauritanie refuse de le voir.
Sinon, pourquoi le président mauritanien n'a-t-il jamais dénoncé cette situation, lui qui la connaît si bien? Pourquoi n'a-t-il jamais alerté les autorités algériennes sur leur bêtise?
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La réponse est évidente: le président mauritanien n'en a pas les moyens, la liberté encore moins. Incapable lui-même de considérer ce qu'un Etat peut être, en dehors de ses vues de l'esprit khadafiennes, il ne peut donc nullement, et d'aucune façon, avoir une vision claire. Sinon, pourquoi n'a-t-il jamais dénoncé ou condamné cette obsession d'Alger à refuser le recensement des populations des camps de Tindouf, depuis des décennies?
Sa sortie médiatique est intervenue à la veille du 31e sommet de l'Union africaine (UA). Il a donc raté une belle occasion de se taire.
Pendant que le peuple mauritanien et celui des camps de Tindouf vivent dans l'attente d'un Godot qui n'arrivera jamais, la population sahraouie marocaine, elle, vit paisiblement. Sans pétrole, sans aumône, mais à la force de la stratégie et de l'action, le Sahara marocain est sur sa lancée. Il bouge. Et du budget de l'Etat, ce ne sont plus seulement 77 milliards, mais 81 milliards de dirhams, qui y sont injectés. C'est par ailleurs un peu plus que le budget de la Mauritanie. Taux de réalisation des projets de développement? 80%. Résultat? Les provinces du Sud sont le lieu au Maroc où les indicateurs sont le plus au vert.
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Au lieu de regarder son peuple, le peuple mauritanien frère, qui fait face à la pauvreté, à la misère, à l'esclavagisme et aux mensonges en barres, Mohamed Ould Abdel Aziz préfère regarder ailleurs. Au lieu de construire, il préfère, non sans maladresse, attaquer le voisin, plus structuré, plus engagé et plus sérieux. Sinon, il aurait laissé ses opposants parler au lieu de les réduire au silence. Ceci constitue un autre drame.
Le Maroc, que le président mauritanien voit d'un si mauvais œil, avance, bon an mal an. Ses stratégies de développement aussi, y compris au Sahara. Et ses problèmes, il les gère tout seul, en Etat souverain avec institutions et (oui) contre-pouvoirs. Et s'agissant du Sahara, le plan d'autonomie est aujourd'hui et plus que jamais la seule et unique option pour résoudre un conflit inventé de toutes pièces et aller de l'avant à l'échelle de la région. Mais (et là encore, oui), cela suppose des interlocuteurs véritablement engagés et sérieux. A l'évidence, ce n'est pas le cas.